Edouard Glissant et les arts plastiques : imaginaire du monde et topographie des "Lieux".
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Abstract EN:
This investigative work explores how Glissant’s words combine with the plastic lan-guage. Édouard Glissant's relationship with the visual arts is intimate, sensitive. In La Cohée du Lamentin (2005), for example, the writer offers his reflections on artists from Latin Ameri-ca and the Caribbean, whose aesthetics he has studied or who personally frequented : the Cu-bans Wifredo Lam, Agustín Cárdenas and Jorge Camacho ; José Gamarra, the Uruguayan ; Roberto Matta, the Chilean ; Seguí, the Argentinean ; Pancho Quilici, the Venezuelian. For Glissant, artistic creation is reflected in a poetic relationship to the space-world, through a topographic dimension where dream or real places are printed. The poet invites us to think of creation in relation to the primordial energies, where the sites of genesis and of digen-esis keep traces, memories, passages, the contacts of the imaginary, from which the unpredict-able, which initiate novelty. The imaginary of the world is created, develops in a complexity where the senses, the visions of the world are mixed together, through the multiple sensitivi-ties. We discover that the poet’s writing echoes the field of the plastician, but his writing is also developed through contact with paintings and sculptures or through exchanges with his plasticians friends. Writing is consistent with the plasticity of shapes, colors, materials, creat-ing a sensitive, even fusion, relationship to places and landscapes.
Abstract FR:
Ce travail d’investigation explore la manière dont la parole de Glissant s’allie au lan-gage plastique. La relation d’Édouard Glissant avec les arts plastiques est intime, sensible. Dans La Cohée du Lamentin (2005) par exemple, l’écrivain livre ses réflexions sur des artistes d’Amérique latine et des Caraïbes, dont il a étudié l’esthétique ou qu’il a personnellement cô-toyés : les Cubains Wifredo Lam, Agustín Cárdenas et Jorge Camacho ; José Gamarra, l’Uruguayen ; Roberto Matta, le Chilien ; Antonio Seguí, l’Argentin ; Pancho Quilici, le Véné-zuélien. Glissant envisage la création artistique dans une relation poétique à l’espace-monde, à travers une dimension topographique où s’impriment des lieux rêvés ou réels. Le poète invite à penser la création en relation avec les énergies primordiales, où les lieux de genèses et de dige-nèses conservent les traces, les mémoires, les passages, les mises en contacts des imaginaires, d’où surgissent l’imprévisible, l’imprédictible qui initient l’inédit. L’imaginaire du monde se crée, s’agence, se réalise dans une complexité où s’amalgament les sens, les perceptions du monde, à travers les sensibilités multiples. Nous découvrons ainsi que l’écriture du poète fait écho au champ du plasticien et qu’elle s’élabore également au contact d’œuvres picturales et sculpturales ou au gré d’échanges avec ses amis plasticiens. L’écriture fait corps avec la plasticité des formes, des couleurs, des matières, en créant un rapport sensible, voire fusionnel aux lieux et aux paysages.