La Garde du Roi : pouvoirs, élites et nations dans la monarchie hispanique (1700-1823)
Institution:
Toulouse 2Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
It has usually been considered that Philipp V used foreigners to reimplace Spanish nobles, notably in the army and in territorial administration, because of his profound mistrust towards local elites. This research is an attempt to appraise the validity of this interpretation, studying Flemish units’ officers of the royal guard. Reformed by 1701, this institution gave the opportunity to numerous Netherlands families to establish themselves permanently in Spain. Furthermore, all along the 18th century, a majority of territorial administration’s commanders came from the royal guard. Since then, the prosopographical analysis, based on private, administrative, and notarial sources, focuses on social and political dynamics which were set up around the institution. The aim is to understand the mechanisms of military elites’ professional mobility within the borbon State. This study challenges the relevance of a cleavage which would oppose "foreigners" and "Spaniards". Opposite, it emphasizes the importance of the fidelity to Philipp V built by a few families during the War of Succession. The king rewarded these family groups by giving them an institutional basis – the military household – which enabled them to monopolise main employments in the army and the territorial administration. The memory of "Philippism" allowed these families to remain powerful long after Philipp V’s death, being opposed to any reform of the privileged corps. When Charles IV, thanks to Godoy, finally managed to control them, the military oligarchy rose up in Aranjuez in 1808.
Abstract FR:
L’historiographie considère que Philippe V a fait appel à des étrangers pour se substituer aux Espagnols, notamment dans l’armée et dans l’administration territoriale, en raison de la profonde méfiance qu’il entretient à l’égard des élites locales. Ce travail teste la validité de cette interprétation à partir du cas des officiers des corps flamands de la garde royale. Celle-ci, réformée dès 1701, permet à de nombreuses familles des Pays-Bas de s’implanter durablement en Espagne. De plus, la garde royale constitue le principal vivier des cadres de l’administration territoriale durant tout le XVIIIe siècle. Dès lors, à partir d’une analyse prosopographique, basée sur des sources administratives, notariales et privées, l’examen porte sur les dynamiques sociales et politiques qui se mettent en place autour de l’institution afin de comprendre la mobilité professionnelle des élites militaires au sein de l’Etat bourbonien. Cette étude met en question la pertinence d’un clivage qui opposerait les « étrangers » aux « Espagnols ». Elle insiste au contraire sur l’importance de la relation de fidélité à Philippe V construite par quelques familles durant le conflit successoral. Le roi récompense ces groupes familiaux en leur offrant une assise institutionnelle – la Maison militaire – qui leur permet de monopoliser les premiers emplois de l’armée et de l’administration territoriale. La mémoire du « philippisme » va permettre à ces familles de se maintenir en place longtemps après la mort de Philippe V et de s’opposer à toute réforme des corps privilégiés. Lorsque Charles IV, grâce à Godoy, parvient à les contrôler, l’oligarchie militaire se soulève à Aranjuez en 1808.