Au seuil des "cathédrales" : Culture visuelle et enjeux de pouvoir de Rouen à Avignon (XIII-XIVe siècles)
Institution:
Université Pierre Mendès France (Grenoble)Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
At the end of the XIIIth century, the Libraires portal of Rouen cathedral displayed a set of 189 quatrefoiled low-reliefs adorning triangle-shaped projecting pillars. This was the outcome of an ornamental process which was used again in the XIVth century in the Calende portal, in the Saint-Ouen abbey-church, in Lyons cathedral and in the Palace of the Popes in Avignon. These iconographic sets fall within the scope of prestigious architectural projects which reflect power stakes at the local and even the kingdom level. In Rouen, they demonstrate a new step in the competition in which the two sanctuaries are engaged for the worship of saints. Thus the Saint-Ouen programme is exceptional with its boustrophedon layout, its use of hagiographic sources and its function in the pilgrimage route as a tool of pro domo propaganda. In Lyons, the use of the Rouen process expresses in a monumental way the effective incorporation of the Lyons region to northern France at the beginning of the XIVth century. In Avignon, it is above all an evocation of the time Clement VI spent in the archiepiscopal see of Rouen. Our iconographic approach takes into account the different levels at which the sculpted image appears in the monumental space: the iconic unit, the serial study and the play of echoes. The database gathering 861 low-reliefs permits a comparative study and brings out the spatial dynamics in relation with their visual efficiency and religious practices. It sheds new light on visual culture in the Middle-Ages, which combines biblical and hagiographic cycles, images of power and parody, fantastic bestiaries and hybridization.
Abstract FR:
A la fin du XIIIe s. , le portail des Libraires de la cathédrale de Rouen présente un ensemble de 189 bas-reliefs quadrilobés ornant des piliers en éperon. C'est l'aboutissement d'un procédé ornemental qui est repris, au XIVe s. , au portail de la Calende, à l'abbatiale Saint-Ouen, à la cathédrale de Lyon et au palais des papes d'Avignon. Ces ensembles iconographiques s'inscrivent dans des projets architecturaux prestigieux qui reflètent des enjeux de pouvoir au niveau local voire à l'échelle du royaume. A Rouen, ils manifestent une nouvelle étape de la concurrence que se livrent les deux sanctuaires autour du culte des saints. Ainsi, le programme de Saint-Ouen est exceptionnel par son dispositif spatial en boustrophédon, son utilisation des sources hagiographiques, sa fonction dans le circuit de pèlerinage comme véritable outil de propagande pro domo. A Lyon, l'adoption du procédé rouennais traduit de manière monumentale le rattachement effectif du Lyonnais à la France septentrionale au début du XIVe s. En Avignon, c'est surtout une évocation du passage de Clément VI par le siège archiépiscopal rouennais. Notre approche iconographique prend en compte les différentes échelles d'inscription de l'image sculptée dans l'espace monumental : l'unité iconique, l'étude sérielle, les jeux d'échos et de résonances. La base de données rassemblant 861 bas-reliefs permet une étude comparative et elle dégage les dynamiques spatiales en relation avec leur efficacité visuelle et les pratiques religieuses. Elle offre un éclairage nouveau sur la culture visuelle au Moyen Age qui mêle cycles bibliques et hagiographiques, images du pouvoir et de la parodie, bestiaire fantastique et hybridation.