thesis

La Guyenne de l'intendant Dupré de Saint-Maur : pouvoirs et société à la fin de l'Ancien Régime

Defense date:

Jan. 1, 2006

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Institution:

Bordeaux 3

Disciplines:

Authors:

Abstract EN:

Nicolas Dupré de Saint-Maur is undoubtedly the last great intendant of Guyenne, although for a long time he has been neglected by historiographers, who favoured the marquis de Tourny almost exclusively. Appraising his role in the province from 1776 to 1785, and his ability to make changes in its political, economical, social and cultural structures raises doubts about the real existence of absolutism at the end of the Ancien Regime. In spite of the weakness of an administration which was not as centralized as it seemed, the intendant had a regulating power, particularly as far as economical and fiscal policies were concerned. His correspondence with the general controller makes it easy to assess. But his influence reached much farther in the cultural field, the creation of the Bordeaux Museum in 1782 being a testimony to this, and was indeed as much a matter of intellectual promotion as political manoeuvre. However, power rivalries limited de facto the political authority of the intendant in his province, as he was notably confronted, but not exclusively to the sudden unrest of the Bordeaux members of Parliament. The magistrates actually defended the idea of the sovereignty of the nation, which they believed they embodied, whereas Nicolas Dupré de Saint-Maur saw the handling of power as something close to “enlightened despotism. ” Antagonisms got more and more violent, leading to greater brutality in the political field, and edging out the intendant who finally lived isolated in his world of books and his dreamlike representation of political power inside a province that he could no longer rule. As he had to fight local counterpowers and got very little support from Versailles, the intendant was not the infallible conveyor of absolutism, who was sometimes made into a mythical character.

Abstract FR:

Nicolas Dupré de Saint-Maur est sans doute le dernier grand intendant de Guyenne, même si l’historiographie l’a longtemps négligé au profit presque exclusif du marquis de Tourny. L’évaluation de son rôle dans la généralité de 1776 à 1785, sa capacité à en modifier les structures politiques, économiques, sociales et culturelles pose la question de la réalité de l’absolutisme à la fin de l’Ancien Régime. Malgré la faiblesse d’une administration finalement peu centralisée, l’intendant possède un pouvoir régulateur, notamment en matière économique et fiscale, que la correspondance avec le contrôleur général permet de bien mesurer. Mais c’est surtout en matière culturelle que son influence s’étend le plus, comme en témoigne la création du Musée bordelais en 1782, qui relève d’ailleurs autant de la promotion intellectuelle que de la manœuvre politique. Pourtant, les rivalités de pouvoirs limitent de facto l’autorité politique de l’intendant dans sa province, qui se heurte notamment – mais pas seulement – aux velléités des parlementaires bordelais. Les magistrats défendent en effet l’idée de la souveraineté de la nation, qu’ils entendent incarner, alors que Nicolas Dupré de Saint-Maur conçoit une pratique du pouvoir proche du despotisme éclairé. Les antagonismes de plus en plus violents conduisent alors à une « brutalisation » du champ politique et marginalisent l’intendant, qui se retranche finalement dans un univers de papier et dans une représentation onirique du pouvoir au sein d’une province qu’il ne parvient plus à administrer. En proie aux contrepouvoirs locaux, peu soutenu par Versailles, l’intendant n’est pas le vecteur sans faille de l’absolutisme que l’on a parfois mythifié.