Syndicalisme de métier et syndicalisme d'industrie : mutations et identités des ouvriers du bâtiment dans les années 1880-1914
Institution:
Paris 1Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
In deciding, as far back as 1906 during the federal congress of Amiens, to accept only industrial federations and no longer craft federations, french syndicalists favored industrial federations early. The choice of the C. G. T. And its revolutionnary ideology were closely linked. This reorganization of union structure clearly showed the will of the C. G. T to bring together all categories of workers in order to face the body of employers with a united front. In the building trade, the three big general strikes on an industrial basis (1898, 1906, 1911) played a major role in the unification of construction labour. If one considers what union unity achieved on a federal basis, industrial unionism was more successful than craft unionism. However, if one considers this on the local union level, results are not so clear. The efforts of building federation are not very successful in most of the large cities where numerous socials conflicts necessitate more of labor unity. One could characterize the pattern of french unionism structures of the time as the reunion of craft unions within an industrial federation. Far from being suppressed, craft unionism prevailed with 37 craft unions in paris just before the first world war. The autonomy and characteristics of each trade did not hamper the development of class consciousness. For construction labour, solidarity and even equality consciousness are not unknown to craft communities. This confirms the paradoxical view that far from being opposed, craft consciousness fitted into class consciousness easely. It was with the syndicalism of direct action of the 1900s that craft unionism reached its height.
Abstract FR:
En décidant, lors de son congrès confédéral d’Amiens de 1906, de ne plus accepter que des fédérations d'industrie au détriment des fédérations de métier, le syndicalisme français s'est prononcé de bonne heure pour le syndicalisme d'industrie. Le choix de la C. G. T. Est intimement lié à son idéologie révolutionnaire. La restructuration syndicale est la manifestation claire de sa volonté d'opposer à l'ensemble du patronat le front uni de toutes les catégories d'ouvriers possibles. Pour le bâtiment, les trois grandes grèves générales industrielles (1898, 1906, 1911) ont joué un rôle majeur dans l'unité des forces ouvrières du bâtiment. Si l'on considère l'œuvre de l'unité syndicale sur le plan fédéral, on constate la victoire du principe de l'industrie sur celui du métier. Mais, si l'on l'apprécie sur le plan des syndicats locaux de base, le bilan apparent très mitigé. Les efforts de la fédération ne portent guère de fruits dans la plupart des grandes agglomérations ou la cohésion ouvrière s'impose plus qu'ailleurs en raison même de l'abondance des conflits sociaux. On pourrait caractériser le modèle français des structures syndicales de l'époque comme réunion des syndicats de métier dans une fédération d'industrie. Loin d'être étouffé, le syndicalisme de métier demeurait ainsi la force dominante avec, à Paris, 37 syndicats de métier à la veille de la guerre. L'autonomie des métiers ne les a pas empêchés de façon définitive d'entrer en rapport de classe. Pour les ouvriers du bâtiment, le sentiment de solidarité, voire d’égalité, n'est pas étranger aux communautés de métier. Ici, on ne peut que confirmer la validité du paradoxe relatif à la cohabitation de la conscience de métier et de la conscience de classe. Loin d'être en contradiction avec elle, le métier s'insère aisément et sans trop de traumatisme dans la classe. Le syndicalisme d'action directe des années 1900 porta à son apogée ce syndicalisme de métier.