Pouvoir sacerdotal et haine du prochain. Une contribution anglaise au combat de la Ligue. Edition bilingue critique du De iusta reipub. Christianae in reges impios et haerecticos authoritate : iustissimaeque catholicorum ad Henricum Nauarraeum et quemcumque haereticum a regno Galliae repellendum confoederatione, Paris,1590, Anvers, 1592
Institution:
Paris 10Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
The authors of the French League appear to be of poor interest, and are quickly rejected as fanatics of weak thought. Our judgement on them has barely evolved since Michelet. The current work consisted in extracting the biggest Ligueur book, issued in Paris in 1590, from its latin language, footnoting it and analysing its reasoning. The outcome is a discourse of religious hatred. The discourse is analysed in its structure, and then chronologically rebuilt following the literary and scriptural references. The emerging discourse is a universal history which also is a history of progress of sacerdotal power. This power is seen by the author as a discriminating and excluding power, and the bible itself is read as an exclusion manual. This type of analysis is new in the bibliography of religious wars, for the studies in religious hatred have thus far focused on collective violence and its manifestations. An investigation is conducted on the author of this anonymous document. The current attribution to William Reynolds, English priest exiled on the continent, is proved to be entirely funded on the invention of a Huguenot author in the late XVIIth century. The archives of the English College in Rheims and those of the English Crown allow the identification of another English priest, William Gifford, sincere catholic but in the meantime an secret agent of the London government. An interesting character is depicted, the one of a professional of hatred at the intersection of several religious wars, those of France, England, Flanders.
Abstract FR:
Les auteurs de la Ligue n’intéressent guère, et sont vite considérés comme des fanatiques à la pensée sommaire. Notre jugement sur eux n’a guère évolué depuis Michelet. Le présent travail de thèse a consisté à exhumer le plus gros ouvrage ligueur, publié à Paris en 1590, à le traduire du latin, l`annoter et en décortiquer le raisonnement. Il en résulte la mise à nu d’un discours de haine religieuse. La méthode d’analyse mise en œuvre consiste à analyser le discours de l’auteur, puis à le reconstruire en suivant de manière chronologique les références littéraires et scripturaires. Le discours qui émerge est une histoire universelle considérée comme histoire des progrès et accidents du pouvoir sacerdotal. Ce pouvoir est vu par l’auteur comme un pouvoir qui distingue et exclut, et la bible elle-même est lue comme manuel d’exclusion. Ce type d’analyse est nouveau dans la bibliographie des guerres de religion, car les études de la haine religieuse se sont surtout attachées jusqu’à présent aux manifestations de violence collective. Une enquête est menée sur l’auteur de ce texte anonyme. Il est démontré que l’attribution courante à William Reynolds, prêtre anglais réfugié sur le continent, est entièrement fondée sur l’invention d’un auteur huguenot à la fin du XVIIe siècle. L’étude des archives du collège anglais de Reims et de la Couronne anglaise permet d’identifier comme auteur un autre prêtre anglais, William Gifford, catholique convaincu mais en même temps agent du gouvernement de Londres. Il en résulte une figure intéressante de professionnel de la haine au carrefour plusieurs guerres religieuses, celles de France, d’Angleterre et de Flandre.