Abstract FR:

Ce travail porte sur une ville ottomane (Adana), au XVIIIème siècle. Sous quels modes les habitants établissaient-ils leurs accords? Sous quelles formes de "communauté" ou de socialité entretenaient-ils leurs liens? Comment est-ce qu'ils "faisaient ville"? La principale source utilisée est constituée par les registres des cadis d'Adana du XVIIIème siècle. Se concentrant sur les manières individuelles de se débrouiller en justice, cette étude vise à cerner l'urbanité ottomane au-delà à la fois de la juxtaposition de groupes socioprofessionnels, confessionnels ou communautaires, et d'une simple collection d'individus sans appartenance. Les différentes parties de ce travail (portant sur le nomadisme, le quartier/mahalle, les réseaux relationnels et les notables/ayan les formes du droit pratiquées par le cadi, et les "faibles" en justice: les femmes, les étrangers/misafir, les non-musulmans/zimmi cherchent à montrer comment dans une ville ottomane le tissu social tient par les actions et les dires multiples de chacun, cernés à travers ces cadres référentiels. Si ce travail essaie, à partir des registres des cadis, de cerner les thèmes ou les vocabulaires qui constituent les repères des comportements ou des adhésions des individus, dans chaque cas on voit combien les différents acteurs se meuvent dans un espace commun, probablement régi par le rôle primordial de la "réputation", et y inscrivent les combinaisons de leurs choix et de leurs obligations. Ce sont ces variations dont le présent travail cherche à comprendre les "règles".