Gouverner l'opéra : le pouvoir royal et les théâtres lyriques à Naples : 1767-1815
Institution:
Université Pierre Mendès France (Grenoble)Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
Based on original public documents housed at the Archivio di Stato di Napoli, this thesis offers a political history of the opera in Naples, from Ferdinand IV's reign to that of the Napoleonides. This institutionally troubled period was also a time when the glory of Neapolitan lyrics was strongly reaffirmed as it started to be contested silently. First, this study shows the king in his theatre, the Teatro di San Carlo, founded in 1737, true setting of his majesty and of his influence on the kingdom. Starting in the 1770s, the thesis follows the monarch in other places and other genres, that testified to the diversification of the aristocracy's cultural consumption. Ruling opera was not only glorifying a dreamed monarchy on stage: it was also controlling theatres. This study attempts to define practices, ideological and institutional bases. Norms defined by the State administration were resisted by the practices of a musical milieu that emancipated itself from its political tutelage as it got more professional and more hierarchical. Studying the economy of theatres, this thesis tries to define the market of fame that regulated it, thus contributing to the progressively growing autonomy of music. Lastly, it evaluates the effects of these evolutions on the image of Naples as a musical capital: the erosion of its symbolical capital, observed by music-lovers and musicologists, in the process of gaining expertise, led the Bourbon power, then the Napoleonides, to implement the premises of a cultural policy so as to preserve a musical patrimony whose Neapolitan identity was being stressed as well as the necessity to defend it against its alleged "decline".
Abstract FR:
Fondé sur des documents inédits de l'Archivio di Stato di Napoli, ce travail propose une histoire politique de l'opéra à Naples, depuis le règne de Ferdinand IV jusqu'à la chute des Napoléonides. Cette période troublée correspond au moment où la gloire de l'art lyrique napolitain est d'autant plus fermement affirmée qu'elle est peu à peu sourdement contestée. D'abord, nous saisissons le roi en son théâtre, le Teatro di San Carlo fondé en 1737, véritable écrin de sa majesté et du rayonnement du royaume. A partir des années 1770, nous suivons le monarque en d'autres lieux et d'autres genres de spectacle, qui témoignent d'une diversification des modes de consommation culturelle de l'aristocratie. Gouverner l'opéra ne se réduit pas à exalter sur scène une image rêvée de la monarchie : il s'agit aussi d'assurer la police des théâtres dont nous tentons de définir les moyens et les fondements idéologiques et institutionnels. Mais ces normes butent sur les pratiques d'un milieu musical s'émancipant de la tutelle politique en même temps qu'il se hiérarchise : partant de l'étude de l'économie théâtrale, on tente de définir le marché de la renommée qui régule le champ musical et contribue à son autonomisation. Reste à mesurer les effets de ces évolutions sur l'image de Naples en tant que capitale musicale : l'érosion de son capital symbolique, diagnostiquée par les mélomanes et les musicologues qui affirment leur rôle d'expertise, conduit le pouvoir bourbonien, puis surtout celui des Napoléonides, à mettre en œuvre une politique culturelle de préservation d'un patrimoine musical dont on affirme l'identité napolitaine, comme la nécessité de le défendre contre le déclin qui le guette.