thesis

Brûler sa voisine : les affaires de sorcellerie dans le val de Lièpvre (XVe-XVIIe siècles)

Defense date:

Jan. 1, 2003

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Abstract EN:

The witchcraze that affected the val de Lièpvre between the 16th and the 17th century is part of a vast European movement of witch hunting. This valley of the French Vosges, which flourished thanks to its mines, constitutes a triple border : political, linguistic and religious. This situation of conflict reveals a great contrast in the intensity of witch hunting in this particular area : the French-speaking catholic part, belonging to the duke of Lorraine, is fired with about fifty witchcraft cases, while the Alsatian and protestant part knows of only two cases,without any known sentences. The proportion of women accused of this horrible crime is also a caricature : no man has been convicted. Nevertheless, the villagers live in community where links between each others reveal how they can burn their neighbour, relative or friend. . .

Abstract FR:

Les affaires de sorcellerie qui ont secoué le val de Lièpvre aux XVIe et XVIIe siècles s'inscrivent dans un vaste mouvement européen de chasse aux sorcières. Cette vallée vosgienne, qui a prospéré grâce à ses mines, comprend une triple frontière : politique, linguistique et religieuse. Cette situation conflictuelle fait apparaître un grand contraste dans l'intensité de la chasse aux sorcières : la partie lorraine, catholique et francophone s'embrase avec une cinquantaine d'affaires alors que la partie alsacienne, protestante et germanophone comporte seulement deux affaires aux sentences inconnues. La situation est également caricaturale sur la proportion de femmes accusées de ce crime exécrable : aucun homme n'est condamné nulle part. Pourtant, les habitants de cette vallée ne forment qu'une communauté de vie où il est possible de connaître les réseaux de liens qui les unissent et ainsi comprendre les mécanismes de pensée qui ont conduit ces villageois à brûler leur voisine, parente ou amie. Leurs accusations, souvent des soucis du quotidien, des malheurs concernant la santé des hommes et du bétail, ont rencontré la volonté des démonologues, en particulier celle de Nicolas Rémy, auteur de la Démonolâtrie et procureur général de Lorraine, en vue de criminaliser la sorcellerie. Le système judiciaire est un instrument efficace entre les mains des élites pour traquer l'engeance diabolique. Les victimes de ces persécutions sont en partie des guérisseuses qui font état d'un savoir médicinal traditionnel jugé dangereux. Les rapports entre sorcellerie, féminité et sexualité sont éclairés par une vision d'un monde instable et merveilleux, où hommes et démons se changent en bêtes pour accomplir leurs méfaits. Ce monde est en plein changement, en route vers une rationalité qui considère comme superstitieux et interdit ce qui, auparavant, était seulement magique. Le cas du val de Lièpvre permet, en étudiant le tissu social, de recréer le monde où vivaient des "sorcières".