thesis

Le peuple : de l'Autre au différent : la construction des identités individuelles et collectives des classes populaires (France, XVIIIe siècle)

Defense date:

Jan. 1, 2004

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Institution:

Paris, EHESS

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Authors:

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Abstract EN:

This dissertation analyzes, in its first part, discourse on social identity in eighteenth-century France, and more particulary, discourses on popular identities. Sources are administrative, literary and judicial. For most of the first half of the eighteenth century, discourse on social identity forms part of a deductive mode of thought, which eclipses the individual in favor of the group and presents social conditions as essences. In the mid -1760's, a contrasting empiricist and "nominalist" trend emerges along with individual representations of people from the popular classes. We propose that redefining popular identities is linked to the struggle of the elite classes to define themselves. The second part of this dissertation discusses how this identity discourse influences the peoople. The primary sources for this section are drawn from the judicial archives of the Châtelet de Paris and the Bastille. We explore the signs of the embodiment of maning, namely, through the analysis of individual dreams, and acts which the people of the popular classes appropriate to temporarily play roles of authority, although these identities are in reality, out of reach. But, our observation of daily interactions (in the legal system, the workplace, and on the street) shows evidence of a pragmatic culture that escapes definition by the elite. This pragmatism constitutes a meeting point for popular reasoning and the new logic of elite culture following the empiricist trend.

Abstract FR:

Cette thèse analyse, dans une première partie, les modalités d'élaboration, dans la France du XVIIIe siècle, du discours dominant sur les identités sociales en général et populaires en particulier, à partir des discours administratifs ou littéraires, mais aussi du raisonnement pratique mis en oeuvre dans les jugements judiciaires. Dans une large première moitié du XVIIIe siècle, les analyses - s'insérant dans un mode d'exploration du monde essentiellement déductif - procèdent selon des raisonnements qui effacent l'individu devant le groupe et présentent les conditions sociales comme des essences. A partir du milieu des années 1760, apparaît au contraire un courant empiriste et nominaliste, débouchant sur la représentation de figures populaires individuelles. On suit l'hypothèse selon laquelle les redéfinitions de l'identité populaire sont liées aux luttes de positionnement des dominants eux-mêmes. Une seconde partie porte sur la façon dont un tel discours oriente et contraint les constructions identitaires du peuple ainsi désigné. Les sources sont ici majoritairement celles des archives judiciaires du Châtelet de Paris et de la Bastille. La thèse met en lumière les signes d'une incorporation de la désignation, notammet à travers l'analyse des rêves d'individus s'inventant une identité valorisée, faute de penser pouvoir y accéder en réalité, ou des manières temporaires de s"emparer d'une autorité publique refusée. Mais l'observation d'interactions (relations entre judiciables, relations dans le travail, dans l'espace de la rue), permet également de mettre au jour un système de règles qui sous-tend des actions dont le sens n'est pas linguistiquement donné et de mettre l'accent sur les formes d'une culture pragmatique comme alternative à une construction abstraite des identités. On montre que ce pragmatisme constitue un terrain de rencontre possible entre les raisonnements populaires et les raisonnements savants pris dans la nouvelle vogue empiriste.