Abstract FR:

Paris-Normandie succède au journal de Rouen, condamné en 1944 à cause de son attitude collaboratrice. Son unique directeur de 1945 à 1972 Pierre-René Wolf, ancien imprimeur, évincé en mars 1945 une première équipe installée à la libération. Patron chaleureux, paternaliste et autoritaire, Wolf donne une orientation socialisante au quotidien, pourtant en position de monopole. Il aspire à jouer un rôle de conseiller auprès des élus rouennais, tel Jean Lecanuet. Avec quelques journalistes, il contribue à la Renaissance culturelle de la Haute-Normandie sinistrée par la guerre. Paris-Normandie développe entre 1945 et 1970 ses agences et ses éditions, s'implantant dans le Calvados et dans l'ouest parisien. Son matériel se modernise (utilisation pionnière de l'informatique pour la composition en 1967). La société propriétaire est constamment bénéficiaire, mais distribue peu de dividendes aux associés, préférant investir sur le plan technique et humain. L'étude sociologique des rédacteurs et des typographes fait ressortir la qualité croissante de leurs conditions de travail. L'analyse de contenu (unes, rubriques spécialisées, articles politiques) montre quelques spécificités de Paris-Normandie par rapport à ses confrères, compte tenu des ambitions intellectuelles et progressistes de sa direction. Wolf rédige lui-même presque quotidiennement un éditorial qui traite avant tout des questions diplomatiques. En 1971-1972, Robert Hersant, patron d'un groupe de presse, parvient progressivement à contrôler, malgré diverses oppositions, le capital de Paris-Normandie ; la teneur comme la gestion du journal se transforment, la logique commerciale étant désormais privilégiée.