L' infanticide en Chine et l'action missionnaire (1870-1926)
Institution:
Paris, EHESSDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
Infanticide is a point at issue, especially in China in the 19th century. Often seen as a systematic practice non desired daughters, it wasn't actually customary. The habit of leaving the dead and dying children outside the houses, on the ground, lead the western witnesses astray. The existence of infanticide as well as the existence of a “Chinese charity” has been denied by some and exaggerated by others. However, the activities of the Christian missionaries willing to “save” and baptise as many children as possible aren't questioned. They created orphanages, schools and an large organisation to collect babies. Despite strong motivation and good will, the project soon drifted dramatically: the Tianjin massacre being the most famous example. The root of the problem was the status of women in China, causing families to prefer sons to daughters. This was also sustained by popular belief that children with physical anomalies should be eliminated. External events such as natural catastrophes would only reinforce it. While trying to hinder those behaviour, the missionaries had found obvious compensations, i. E. The justification for their presence in China and the possibility to buy land. With respect to Europe, the poor rate of conversion was hidden behind the nice figures of baptisms, and greater financial support could be requested in order to compete with the protestant rivals. Eventually, the orphans would create new Christian families, a long term influence in the villages and even a local clergy.
Abstract FR:
L'infanticide est un phénomène délicat à cerner, un crime difficile à authentifier, plus encore en Chine au 19ème siècle. Longtemps présenté comme un recours systématique des familles souhaitant supprimer les filles en surnombre, il était en fait moins fréquent. L'habitude de laisser les enfants morts ou mourants à l'extérieur des maisons, à même la terre, a induit en erreur les témoins occidentaux. Son existence a été niée, par les uns, exagérée, par les autres, tout comme l'existence d'une " charité chinoise ". Les seuls faits tangibles sont les actions entreprises par les missionnaires chrétiens en vue de minimiser le nombre des victimes et d'apporter le baptême au plus grand nombre d'enfants possible. Ils ont recruté des ramasseurs de bébés ; pour les rares survivants : nourrices, orphelinats et écoles sont à disposition. Les intentions étaient louables mais les moyens employés maladroits. Des dérives inévitables s'installèrent avec des conséquences parfois dramatiques : Le Massacre de Tianjin en est l'exemple le plus connu. Le vrai problème était le statut de la femme en Chine qui faisait préférer le fils à la fille. Cette évidence était soutenue par des croyances populaires qui privilégiaient l'élimination de l'enfant porteur du " mauvais œil " ou présentant des anomalies physiques. Des événements extérieurs comme les catastrophes naturelles renforçaient cette sélection. Les missionnaires en tentant d'endiguer ce mal y ont trouvé des compensations évidentes : la justification de leur présence au sein du territoire chinois mais aussi l'acquisition de nombreux terrains. Vis à vis de l'Europe, les chiffres des baptêmes masquaient ceux plus médiocres des conversions, et fournissaient un moyen d'obtenir davantage de soutien financier afin de rivaliser avec les protestants. Les enfants, ainsi recueillis, formaient ensuite des ménages chrétiens et des sphères d'influence dans les villages ; à terme, ils furent même la base d'un clergé indigène.