État, nations et territoires dans les Balkans au XIXe siècle : histoire de la première frontière gréco-ottomane (1827-1881)
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Paris 1Disciplines:
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Cette thèse envisage les conditions dans lesquelles la première frontière terrestre gréco-ottomane fut tracée au moment de l'indépendance grecque (1821-1832), et étudie les cinquante années de son histoire, avant le rattachement d'Arta et de la Thessalie à la Grèce (1881). Délimitant un état grec alors restreint au sud de la péninsule balkanique, selon une ligne reliant les golfes d'Arta et de Volos, cette frontière est étudiée en tant que zone de contact entre un empire ancien, multi-ethnique et peu centralisé, et un état fondé sous les auspices des grandes puissances (France, Grande-Bretagne et Russie) que l'on organisa sur le modèle occidental de l'état-nation. La période étudiée, qui est celle de la formation de l'état en Grèce mais aussi celle des réformes et de la modernisation de l'état dans l'Empire ottoman (tazimat), a permis d'étudier à l'échelle de la zone frontière ces deux processus, les résistances qui leur furent opposées, leurs limites respectives et les interactions qu'il y eut entre eux. L'observation de la construction de l'état moderne ainsi menée du point de vue de la frontière a permis d'appréhender ce processus selon plusieurs niveaux d'analyse : international et diplomatique, national, régional et local. Elle a notamment mis en lumière, dans le contexte de la résistance que les réseaux sociaux et militaires locaux, implantés de part et d'autre de la ligne de démarcation, opposèrent face aux progrès de pouvoirs publics centralisés, la relation qu'il put y avoir entre l'organisation de l'état moderne et l'émergence des nationalismes balkaniques : en l'occurrence la formulation de la grande idée hellénique à partir des années 1840, l'individualisation de plus en plus consciente d'un groupe albanais au sein de la société ottomane frontalière après la guerre de Crimée (1856), et même un Etat ottoman qui au fur et à mesure de ses tentatives de centralisation fut de plus en plus considéré, dans ces régions, comme turc et non plus comme ottoman.