Les seigneuries du Montargois au XVIIIe siècle : vie économique et rapports sociaux : les enseignements de la pratique notariale
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Abstract EN:
An investigation into the 18th century fiefdoms and estates of Montargois reveals their particularly diverse historical situation. Widely ranging rights and obligations are found, due to the varied customs of two separate jurisdictions: Lorris-Montargis and Orleans. These rights are ensured by the presence of two realities: a feudal tradition asserting the influence of the lord, and a financial dimension which makes land an instrument of production and wealth. A separate right to justice holds an important place as well. The variety of lords contributes to the diversity of fiefs and estates, as anyone may become the owner of an estate. Thus, the nobles’ goods market is chiefly driven by laic elites, seeking honours and/or pursuing real-estate investments. In contrast to what other sources have suggested, old nobility is not divested from its land, but it slowly dies out, leaving a vacant space to newly initiated members striving for integration. Lordly dwellings are brought in line with current tastes and fortified castles lose their defensive attributes when they do not altogether give up their place to mansions combining comfort and prestige. The exploitation of fiefs and estates experiences numerous changes too, which must be qualified. The general increase in income results to a large extent from the constant rise in the procurement prices for cereals during the entire 18th century, as technical innovations remain scarce. The diagnostic is different concerning feudal and seigniorial rights. In the second half of the 18th century, dedicated personnel pursue their former rights and dues. Their purpose is to reassert the eminent role of the lords, to insure the conservation of all their rights and to increase the lords’ as well as their tenants’ income. It is a difficult task to present a financial and human balance of these operations. However, it can be observed that these elements contributed to the lords’ tendency to dissociate themselves from village life.
Abstract FR:
Les fiefs et seigneuries du Montargois témoignent au XVIIIe siècle d’une large diversité de situations. Ils se déclinent en des formes multiples auxquelles sont attachés les droits et des devoirs, plus ou moins étendus, régis par les coutumes de Lorris-Montargis et d’Orléans. Ces droits recouvrent deux réalités : une tradition féodale où la place éminente du seigneur est affirmée et une dimension financière qui fait de la terre noble un outil de production de richesses. Le droit de justice a quant à lui une place à part. A cette diversité de fiefs et seigneuries s’ajoute une grande variété de seigneurs puisque la propriété seigneuriale est accessible à tous. Ainsi, le marché des ventes de biens nobles est principalement animé par les élites laïques à la recherche des honneurs ou/et d’un investissement foncier. Contrairement à ce qui a été avancé par ailleurs, l’ancienne noblesse n’est pas dépouillée de ces terres mais elle connaît une extinction qui laisse la place vacante aux anoblis en quête d’intégration. Les demeures seigneuriales s’adaptent au goût du jour : les châteaux fortifiés perdent leurs attributs défensifs quand ils ne laissent pas entièrement place à une demeure alliant confort et prestige. L’exploitation financière des fiefs et seigneuries connaît elle aussi de nombreux changements qu’il convient de nuancer. Ainsi, l’augmentation générale des revenus résulte surtout de la hausse constante des prix des grains tout au long du siècle car l’introduction d’innovations techniques est encore trop rare. Le constat n’est pas le même concernant l’exploitation des droits seigneuriaux et féodaux. Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, un personnel spécialisé recherche, pour les recouvrer, tous les anciens droits et dus. Ses objectifs sont de réaffirmer la place éminente du seigneur, d’assurer la conservation de tous ses droits et d’accroître ses revenus et ceux de ses fermiers. Il est difficile d’effectuer un bilan financier et humain de ces opérations ; cependant, il semble bien qu’elles aient contribué à éloigner encore plus les seigneurs des communautés villageoises toutes entières.