Du cadavre aux ossements : la gestion des sépultures collectives dans la France néolithique
Institution:
Paris 1Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
What is meant by the term collective grave? It is a structure in which several individuals were buried in succession. Using evidence from a hundred sites, twenty of which were studied at first hand, the diversity of behaviour in collective graves is analysed, as well as the geographical and chronological development of burial practices. Five categories of site are distinguished. First of all, there are tombs which have traditionally been described as collective, but ultimately contain no clear evidence for successive burials. The second group comprises minimal collective tombs, with small numbers of bodies and quite simple funerary behaviour. Emptied graves are common. This was possibly done for a variety of reasons, such as to create more space or to recuperate bones. Secondary deposits, particularly cremations, are rare. They are not easy to identify and this explains their scarcity. The last group includes tombs with combined evidence for rearranged bones, compartmentation, and partial emptying. A tentative chronology for these practices is put forward. In the middle neolithic (4500-3500 B. C. ) the successive nature of burials in the monumental tombs of western France remains hypothetical. They were built to contain a limited number of burials, without selection for gender or age. From 3300 to 2800 B. C. , inhumation in collective tombs was the norm. Did this apply to the whole population? At the end of the neolithic, between 2700 and 2300 B. C. , an increased variety of burial practice marks the decline of previous ideology. However, collective graves do not disappear until the first quarter of the 2nd millennium. What do the collective tombs really signify? Their image of equality in death must surely conform to social organisation. The society of the dead is an idealized projection of the society of the living.
Abstract FR:
Qu'entend-on par sépulture collective ? C'est une structure funéraire ou plusieurs individus ont été déposés successivement. À partir d'une centaine de sites dont une vingtaine directement étudiés, j'ai analysé d'une part la diversité des gestes en sépulture collective, et d'autre part la géographie et l'évolution des pratiques funéraires. J'ai distingué cinq catégories de sites, selon les pratiques. Tout d'abord, il existe des tombes traditionnellement qualifiées de collectives, mais pour lesquelles on ne peut finalement affirmer le caractère successif des inhumations. Le deuxième groupe comprend des tombes collectives minimales, qui n'ont connu qu'un petit nombre de sujets, et des gestes funéraires très simples. Les vidanges sont fréquentes, mais leur sens varie : libération de l'espace ou récupération des ossements ? Plus rares, les dépôts secondaires existent néanmoins, notamment avec les incinérations ; par ailleurs, leur rareté tient surtout à leur difficile mise en évidence. Enfin des tombes combinent rangements, compartimentage, vidange ou prélèvement partiel. On peut tenter d'ordonner ces pratiques chronologiquement. Au néolithique moyen (4500-3500 av. J. -C. ), le caractère successif des inhumations dans les tombes monumentales de l'ouest reste hypothétique. Elles ont été conçues pour accueillir un nombre restreint de sujets, sélectionnés ni sur l’âge, ni sur le sexe. De 3300 à 2800, l'inhumation en sépulture collective est la norme. Tous les défunts accèdent-ils à la sépulture ? À la fin du néolithique, entre 2700 et 2300 av. J. -C. La plus grande variété des pratiques funéraires marque le déclin de l'idéologie antérieure. Cependant, les sépultures collectives ne disparaissent que dans le premier quart du IIe millénaire. Quelle est finalement la signification des tombes collectives? On ne peut conclure de cette égalité dans la mort que l'organisation sociale était conforme à cette image. La société des morts est une projection idéalisée de celle des vivants.