"Désespérer du faux" : histoire d'une critique du communisme soviétique : Michel Collinet, Kostas Papaïoannou et les anticommunistes de gauche en France de 1944 à 1972
Institution:
Paris, Institut d'études politiquesDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
Long before the 1970’s «antitotalitarian moment » and before the historians of communism’s time, Michel Collinet (1904-1977) and Kostas Papaioannou (1925-1981) took an important place in the history of the intellectual critic of Soviet communism and marxism. By confronting the doctrine with its historical destiny, they tried to destroy what George Orwell called the «soviet myth». Antifascists, members of the resistance, they were coming from the fringes of democratic socialism. During the intellectual cold war, these liberal anticomunists thought that the study of texts and of history would lift the veil off ideological lie and off the «enchantement» of the intellectuals. Starting with the study of the historical figure Kostas Papaioannou, this work describes the evolution of this intellectual critic from 1944 to 1972, analyzing the role of the followings reviews "Volontés de ceux de la Résistance", "Paru", "Preuves" and "Le contrat social". Michel Collinet with his books "La tragédie du marxisme" in 1948 and "Du bolchevisme" in 1957 was one of the main representant of this liberal anticommunism during the Fourth Republic. During the 1960’s, Kostas Papaioannou carried on and went beyond this intellectual critic of soviet communism in his anthology "Les marxistes" in 1965 and his philosophical pamphlet "L’idéologie froide" in 1967. The study of the archives the books and the reviews of these two intellectuals permits to show the importance of the liberal anticommunists in the critic of Soviet communism and marxism in France during the cold war.
Abstract FR:
En amont du «moment antitotalitaire» des années 1970, et avant l’heure des historiens du communisme, Michel Collinet (1904-1977) et Kostas Papaïoannou (1925-1981) jouerent un rôle important dans l’histoire de la critique intellectuelle du communisme et du marxisme. En confrontant la doctrine à son devenir historique, ils avaient cherché à détruire ce que George Orwell appelait le «mythe soviétique». Antifascistes, résistants, ils sont issus des marges du socialisme démocratique. Dans le cadre de la guerre froide intellectuelle, ces anticommunistes de gauche pensèrent que l’étude des textes et de l’histoire parviendrait à faire «désespérer du faux» – c’est-à-dire à déchirer le voile du mensonge idéologique et de «l’enchantement» des clercs. Partant de l’étude de la figure de Kostas Papaïoannou, ce travail propose de décrire l’évolution de cette critique intellectuelle de 1944 à 1972, à travers l’analyse des revues "Volontés de ceux de la Résistance", "Paru", "Preuves" et "Le contrat social". Michel Collinet, avec ses ouvrages "La tragédie du marxisme" en 1948 et "Du bolchevisme" en 1957, fut un des principaux représentants de l’anticommunisme de gauche pendant la IVe République. Durant les années 1960, Kostas Papaïoannou poursuivit et porta plus loin cette critique intellectuelle du communisme soviétique dans son anthologie "Les marxistes" en 1965 et son pamphlet philosophique "L’idéologie froide" en 1967. L’étude des archives, des livres et des revues auxquelles participèrent activement ces intellectuels, permet de montrer l’importance des anticommunistes de gauche dans la critique du communisme soviétique et du marxisme durant la guerre froide.