Le triomphe romain et son utilisation politique à Rome aux trois derniers siècles de la République
Institution:
Paris 10Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
At the end of the Republic, the Romans regarded Triumph as the most magnificent ceremony and the status of the triumphant general as the highest attainable. This rite, officially awarded by the Senate, permitted the general to make a processional entry into the city of Rome and glorify his prestigious victory in front of his fellowcitizens. However, the critical analysis of sources reveals that the data related to Triumphs are unreliable. The first Triumph of Romulus was reconstructed by Augustus for ideological reasons : to emphasize the parallel between himself and the founder of the Urbs. Moreover, during the third century BC, families made up fake Triumphs which were then integrated into annal and epigraphs. Such inventions mostly concern the period 322 BC -291BC -because it was at this point in lime that Triumphs became highly political as the Romans adopted the Theology of victory current in the Hellenistic world. Military victory was what the nobilitas, the emerging Roman aristocracy, valued most and its celebration, the Triumph, became the occasion for asserting the hereditary dimension of victory and power. In the third century BC, the desire for Triumph intensified, which led the Senate to impose stricter rules and conditions. The resulting conflicts between the senate and the generals explains the emergence of new ceremonies such as the Ovatio and the Triumph on Mount Alban. Triumphant generals had a variety of ways of commemorating their victories and reminding the Romans of them, especially at election lime. But the most efficient way was the building of temples financed by spoils of war. The adoption of new cults enabled them to celebrate divine protection, under which they fell, but also to integrate the memory of their victories in both the history and architecture of Rome. Indeed, close historical examination often reveals an interesting 'coincidence' between the dates of the consecration of temples and those of the Triumphs.
Abstract FR:
A la fin de la République, les Romains considèrent le triomphe comme la cérémonie la plus magnifique, et le statut de triomphateur comme le plus élevé qu'un homme puisse atteindre. Ce rite, octroyé par le sénat, permet au générall d'entrer dans la ville en cortège, et d'exalter le prestige de sa victoire devant ses concitoyens. L'approche critique des sources révèle que les données relatives au triomphe ne sont pas fiables. Le premier triomphe de Romulus est une construction idéologique d'Auguste, pour forcer sa similitude avec le fondateur de l' Urbs. De plus, dans le courant du IIIe siècle av. J. -C. , les familles ont inventé de faux triomphes qui ont pris place dans les traditions annalistique et épigraphique. Ces falsifications concernent spécialement les triomphes des années 322-291. En effet, c'est à cette époque que la cérémonie acquiert une forte dimension politique, en raison de l'adoptionn de la théologie de la victoire, en vigueur dans le monde hellénistique. La victoire militaire est la valeur la plus recherchée par la nobilitas, la nouvelle aristocratie romaine, et sa célébration, le triomphe, devient l'occasion privilégiée de proclamerla dimension héréditaire de la victoire et du pouvoir. Au IIIe siècle, la recherche de triomphes s'amplifie, ce qui conduit le sénat à en réglementer l'octroi. Les conflits entre cette assemblée et les généraux expliquent l'apparition de nouvelles cérémonies comme l'ovation et le triomphe sur le Mont albain. Les triomphateurs disposent de moyens variés pour commémorer leurs triomphes et en réactualiser le souvenir, notamment à l'occasion des élections, mais le plus efficace est d'utiliser l'argent de leur butin pour la construction de temples. L'adoption de nouveaux cultes permet de célébrer la protection divine, dont ils sont l'objet, mais aussi d'inscrire le souvenir de leur triomphe dans l'espace et dans le temps de la cité. En effet, l'examen des dates triomphales révèle de nombreuses coïncidences entre les jours anniversaires des temples et des triomphes.