Aux rythmes du Brésil : exotisme, transferts culturels et appropriations : la musique populaire brésilienne en France au XXe siècle
Institution:
Paris 1Disciplines:
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Longtemps ignorés des voyageurs européens, les rythmes du Brésil connaissent une diffusion inédite en France au XXe siècle. L'engouement pour les danses de société américaines est à l'origine de l'adoption de la maxixe dans les dancings parisiens à la veille de la Première Guerre mondiale. Par la suite, nombre de genres populaires acquièrent les faveurs du public: la samba, le baião, la bossa nova, la chanson engagée et le tropicalisme contribuent à enrichir le paysage sonore français et donnent lieu à de multiples transferts culturels entre les deux rives de l'Atlantique. L'exotisme musical concerne également la création savante, représentée par Darius Milhaud et Heitor Villa-Lobos, et donne naissance aux premiers travaux d'ethnographie musicale sur le Brésil en France. L'étude des appropriations de la musique populaire brésilienne par les artistes et le public français permet donc d'identifier les principaux acteurs et vecteurs des relations musicales entre le Brésil et la France et d'interroger la traditionnelle « sympathie artistique» entre les deux pays. Les transferts concernent aussi bien les pratiques - édition de partitions, enregistrements, concerts, enseignement - que la création d'une image musicale du Brésil en France. Lis mettent en jeu une rhétorique de l'altérité, dans laquelle les rythmes brésiliens dessinent une figure de l'Extrême Ailleurs, et deviennent, au gré de l'évolution du « goût des Autres », primitifs, typiques et authentiques. Au-delà du public français, ces phénomènes de modes ont un impact sur le paysage culturel brésilien, contribuant notamment à la légitimation de genres populaires et à la mise en 1 place d'une diplomatie culturelle spécifique. L'exotisme musical et les « effets retour» marquent les continuités existant au sein de l'Euro-Amérique, pensée comme un espace culturel commun. Cependant, ils indiquent également le rôle joué par les États-Unis dans la circulation des genres populaires de part et d'autre de l'Atlantique. La diffusion des rythmes brésiliens en France emprunte un itinéraire nord-américain à partir de la Seconde Guerre mondiale, définissant des transferts triangulaires et soulignant le rôle du pôle bicéphale New York/Los Angeles dans la mondialisation culturelle du XXe siècle.