Abstract FR:

Journaliste, essayiste, figure majeure de la science politique francaise au lendemain de la seconde guerre mondiale, Bertrand de Jouvenel s'est également aventuré sur le terrain de l'engagement partisan durant l'entre-deux-guerres. Le parcours intellectuel de Jouvenel présente une apparente diversité de prises de positions idéologiques. Mais du jeune-turc au libéral lucide en passant par le zélateur de Doriot, des continuités se font indubitablement jour. Il existait des permanences philosophiques chez Jouvenel, sans que ses querelles intérieures ne le fassent sombrer irrémédiablement dans l'incohérence. Il n'a pas cédé sur l'essentiel de ses convictions républicaines et libérales (au sens le plus politique du terme), et ne s'est pas exclu du mouvement de l'histoire, qu'il soit une dynamique des idées ou des réalités politiques, économiques et sociales. Son errance politique fut son sens de l'histoire. Si l'unité de son existence ne fait guère de doute, il faut en revanche disséquer son « fascisme » platonicien et littéraire des années trente : fruit d'un climat mental spécifique, à explorer profondément, il éclaire singulièrement le trajet politique des écrivains engagés sur la voie du « socialisme national ». Marqué par le « constructivisme » et la volonté prométhéenne de puissance, constructrice passion de la conquête et non de la domination, Jouvenel en libéral désenchanté ne témoigne que d'une fidélité mûrie (passée sous les fourches caudines de la culpabilité) au jeune dandy des années folles. . .