thesis

Projets citoyens pour une paix durable, en France, en Grande-Bretagne et aux États-Unis (1914-1924)

Defense date:

Jan. 1, 2004

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Institution:

Paris 3

Disciplines:

Authors:

Abstract EN:

This dissertation centres on non-official writings about international relations and lasting peace, published from the beginning of World War I through the foundation and the reinforcement of the League of Nations (1914-1924). It first examines a collection of more than 200 texts, pamphlets and academic monographs written by French, British, and American citizens, which expressed views on peace, war, and the world order. The dissertation then focuses on two contests launched in the United States in 1923 and in Europe (France, Great Britain, Italy and Germany) in 1924, which attracted close to 40,000 participants. The American and the European Peace Awards respectively aimed at increasing the United States' role in world affairs, and reestablishing security and prosperity in Europe by international cooperation. Finally the dissertation analyses the "American plan" of 1924, written by a non-official committee led by Columbia University professor, James T. Shotwell. Its purpose was to allow the United States to join the Geneva organization while guaranteeing European security prior to any general disarmament. The "American plan" was the only non-official peace plan of the interwar period to become part of an actual League of Nations peace initiative, namely the Geneva Protocol. This study shows that, although they sometimes disagreed on how to establish a better and thus more peaceful world order, the different peace advocates shared some common views on what on what needed to be changed in the existing international system in order to start anew. Citizens who decided to write about lasting peace believed that the time for theory was over. . .

Abstract FR:

Cette thèse porte sur la vision citoyenne de la paix durable et de la réorganisation des relations internationales durant et à l'issue de la Première Guerre mondiale, en France, en Grande-Bretagne et aux États-Unis (1914-1924). La première partie est consacrée à l'analyse de plus de 200 textes, brochures et monographies rédigés par des citoyens de ces trois pays entre 1914 et 1919 et exprimant un point de vue non officiel sur les affaires internationales et la paix. La deuxième partie a pour objet les concours américain et européen pour la paix de 1923 et 1924, auxquels ont participé plus de 40 000 personnes. Le concours américain vise à accroître le rôle des États-Unis pour la paix dans le monde tandis que ceux qui se déroulent en France, en Grande-Bretagne, en Italie et en Allemagne ont pour objectif de rétablir la prospérité et la sécurité en Europe grâce à la coopération internationale. La dernière partie de la thèse porte sur le "plan américain" de 1924, rédigé par un comité non officiel dirigé par un professeur de l'Université Columbia, James T. Showell. Le plan a pour but de favoriser l'adhésion des États-Unis à la SDN tout en procurant aux États européens la sécurité préalable au désarmement général. Le "plan américain" est le seul projet non officiel à connaître un retentissement international durant l'entre-deux-guerres et il inspirera la rédaction du Protocole de Genève. Il ressort de cet examen qu'il existe chez les promoteurs de la paix de ces trois pays une communauté de vues, malgré certaines disparités nationales. S'ils divergent par exemple sur les moyens à mettre en œuvre pour que s'établisse la paix, ces citoyens s'entendent en général sur les fondements de l'organisation internationale et sur les changements à apporter dans l'ordre mondial existant afin de favoriser la paix. Ils estiment que les souffrances endurées durant la Grande Guerre leur donnent pleinement le droit de s'exprimer sur des sujets comme la paix, la guerre et les relations internationales, jusqu'alors confinés aux cénacles de la diplomatie et des élites politiques. Ces individus sont avant tout motivés par la nécessité de changer une pratique unanimement décriée. Ils prennent appui, entre autres, sur le discours des hommes politiques en faveur de la création d'une organisation internationale. La dynamique qui s'établit, à partir de 1914, entre les citoyens et les hommes politiques quant à l'avenir des relations internationales permet de mieux comprendre la création de la SDN en 1919. Au-delà des qualificatifs tels que "pacifistes", "idéalistes" ou "utopistes", fréquemment utilisés pour décrire ces individus qui adoptent un point de vue souvent opposé au discours dominant, la thèse montre que les promoteurs de la paix ne sont pas tous des rêveurs et n'ignorent pas la réalité des forces qui animent la vie internationale. Examinant dans une perspective comparative des écrits non officiels sur la paix durable, cette thèse rend compte de la première manifestation citoyenne d'envergure visant à transformer la pratique traditionnelle des relations internationales.