Abstract FR:

Cette étude, qui s 'étend du XIXe siècle à la fin du XXe, est une analyse de la corrélation entre la sociabilité et la conscience des identités collectives originelles (lignagères, claniques, villageoises, ethniques, régionales etc. ) chez les Koongode la vallée du Niari (Doondo, Kaamba, Kunyi, Beembe, Suundi méridionaux) et dans l'univers partagé avec d'autres collectivités culturelles du Congo. Ce travail s’attache ainsi à la problématique de la conscience nationale dans ce pays, notamment à travers la question de savoir si les solidarités primordiales constituent un obstacle à l'unité nationale. Avant de répondre à cette question, nous montrons d'abord que le Koongo ou le Congolais est un acteur social pluricommunautaire, Cette caractéristique fait que sa façon de s'intégrer dans la société est largement influencée par la conscience qu'il a de ses différentes identités collectives originelles. Par cette même dynamique, son intégration sociale entretient la conscience de ces identités et assure leur pérennisation, Sa « pluricomrnunautarité » est perceptible à la campagne et en ville. Toutefois, l'implication de la conscience identitaire dans l'organisation de la vie relationnelle ne se fait pas avec la même intensité dans les deux environnements sociaux, le premier étant plus approprié que le second. Aussi, cette implication est plus intense avant la période coloniale que pendant et après. Malgré cela, elle connaît quelquefois des moments de rebondissement. Nous soulignons également que la sociabilité qui émane de la conscience des identités collectives originelles ne suscite pas systématiquement des velléités de cloisonnement identitaire. Ceci revient à dire que la corrélation entre la sociabilité ct la conscience identitaire n'est pas en soi un obstacle à la construction de l’l'unité nationale. Cet idéal citoyen est plutôt étouffé par la cristallisation politique de la conscience identitaire