La bombe atomique et deux Républiques, 1939-1969
Institution:
Paris, Institut d'études politiquesDisciplines:
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Abstract FR:
La bombe atomique et deux Républiques retracent la place qu'une arme et un système d'armes occupèrent en cours des trente années dans l'histoire de France. Elle démontre que la bombe fut une pierre de touche des attitudes politiques de la France contemporaine. L'aventure de la bombe a commencé le 4 mai 1939 avec le dépôt du brevet dit n°III gr. 14g, n°971 324, « perfectionnement aux charges explosives ». La France fit la course en tête dans l'approche théorique de la bombe atomique. Puis à cause de la défaite, elle perdit tous ses avantages. Les deux républiques qui vont se succéder en France de 1946 à 1969 et qui se donnèrent pour tache de rebâtir la France comme puissance mondiale auront deux attitudes très différentes. La IVe République fit un travail industriel pour préparer la bombe, mais elle agit dans l'opacité, sans appel au peuple. Après son arrivée aux affaires, De Gaulle confirma l'ordre de tir de la première bombe atomique. Mais alors qu'en apparence il y eut une continuité scientifique, industrielle et technologique entre les deux Républiques, la rupture gaulliste est une rupture bien plus profonde qu'il n'y parait. De Gaulle ne voulait pas d'une bombe, mais d'une force de frappe, c'est-à-dire d'un système d'armes qui redonne à la France son rôle de puissance. La bombe permet de distinguer les caractères propres des deux Républiques. Quand la France en 1947 cessa de se tenir à une espèce d'équidistance entre les deux grands, les hommes politiques de la IVe République préparèrent la bombe contre la volonté des Américains qui ne le voulaient pas et contre la volonté des partisans de l'intégration européenne et des forces de gauche. Ils n'avaient d'autre choix que de dissimuler leurs vœux. Jamais, ils ne voulurent rompre avec l'intégration de la France dans le cadre de l'OTAN et encore moins, ils ne songèrent à doter la France d'une panoplie complète et autonome d'armes nucléaires. De Gaulle bâtit une force de dissuasion qui devint une force de persuasion. Il modela la Ve République aux réalités de la guerre nucléaire parce qu'il était persuadé qu'elle éclaterait un jour. La thèse repose sur l'étude de fonds d'archives inédits (archives américaines, archives du quai d'Orsay, archives Joliot sur les affaires allemandes, fonds de l'Académie des sciences, Institut Pierre Mendès France) et sur une large exploitation des sources orales.