thesis

Les abandonnés de la République : l'enfance et le devenir des pupilles de l'Assistance publique de la Seine placés en famille d'accueil (1874-1939)

Defense date:

Jan. 1, 2004

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Institution:

Paris 4

Disciplines:

Authors:

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Abstract EN:

Dickens's and Hugo's novels set a link between the industrial revolution and child abandonment, but the overwhelming majority of children fostered by the French Assistance publique, especially those who were born in Paris, were not raised in urban areas but lived and worked in the countryside. This policy, which presumes the moral superiority of farmers, was intended to remove urban vagrants and to set them in rural areas. Due to a growing lack of agricultural workers, hiring Assistance publique children became an easy solution. To a certain extent, foster children benefited from this forced situation. They earned money, they were able to buy what they wanted and they generally could choose their own boss, whereas legitimate children were often obliged to work for free in their father's farm. However, waifs and strays still suffered social injustice under the Assistance publique who not only did not try to improve their living conditions or increase their wages, but also did not try to prevent girls from being assaulted. In the end, rural fosterage did not have a profound effect on the rural exodus, but it did strongly transform the local demographic and economic situation and perpetuated an insufficiently competitive and poorly mechanized agriculture.

Abstract FR:

Sous la Troisième République, l'action de l'Assistance publique est guidée par trois principes : l'agrarisme, le solidarisme et le jacobinisme. En transférant à la campagne les enfants abandonnés dans les villes, celle-ci s'efforce de régénérer physiquement et moralement des êtres déchus. Le placement familial rural est un succès dans la mesure où les nourriciers et les enfants réussissent à créer une parenté nouvelle. Malgré les préjugés et les marqueurs sociaux qui les stigmatisent, les pupilles de l'État vivent à peu près dans les mêmes conditions que les enfants du cru. Cependant, la fin des études et le placement à gages, dès l'âge de treize ans, inaugurent pour eux une période très difficile. Astreints à un travail pénible dans les fermes, ils sont en butte aux humiliations et aux violences. À vingt ans, ils sont moins grands en taille que les enfants de famille. Après la majorité, les orientations professionnelles que l'administration leur a imposées les cantonnent, dans la moitié des cas, à la domesticité agricole et à l'indigence. Entre 1874 et 1914, l'Assistance publique républicaine réussit à réduire l'énorme mortalité infantile et le fort analphabétisme qui frappait les enfants abandonnés ; mais, à partir de la Première Guerre mondiale, son ambition s'étiole et les pupilles ne profitent pas de la relative démocratisation à l'œuvre dans la société française. Au final, l'utopie républicaine a eu pour effet de fixer à la terre, sans les émanciper, les enfants dépourvus de famille.