Sourds et société française au XIXe siècle : 1830-1905
Institution:
Paris 8Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
The history of deaf people is the one of a shelving of people considered disabled on behalf of the unity of a supposed common language, French. This thesis proposes to study the evolution of French society in the nineteenth century (from 1830 to 1905) from the point of view of the deaf people and how society perceived them. In the first part, we analyze the brotherhood of deaf-mutes, from 1830 to 1860, and the actions of Ferdinand Berthier, a deaf professor at the Institution of Paris. After the results that he concluded, we could be led to believe that the condition of the deaf people would have improved from the second half of the century. But it was not so. The philosophy of progress led to a regression for the deaf people, both in their education and in their integration. Thus, in the second part, we study the paradoxes of the idea of progress, from 1860 to 1905. The deaf people were less and less heard and sign language was less and less accepted. Those who did not know sign language had the belief that it inferiorezed deaf people and that it went against progress. The deaf people did not agree with this view. We think that sign language was the victim of a certain interpretation of the idea of progress. Republicans wanted deaf people to have access to civil equality through verbal communication because they believed that it was the only way to take them out from the position of inferiority. Regardless of their good intentions, by using purely oral method within deaf institutions, in fact they marginalized and put in a position of inferiority any deaf person who could not communicate oraly, witch finally put deaf people in a position of inequality.
Abstract FR:
L'histoire des sourds est celle d'une mise à l'écart de personnes considérées comme infirmes au nom de l'unité d'une langue supposée commune, le français. Cette thèse souhaite étudier l'évolution de la société française au XIXe siècle (de 1830 à 1905) à travers le regard qu'elle porte sur les sourds et en le confrontant au point de vue des sourds eux-mêmes. Dans une première partie, nous analysons la fraternité des sourds-muets, de 1830 à 1860, et l'action de Ferdinand Berthier, professeur sourd à l'Institution de Paris. Après les résultats auxquels il parvient, on pourrait penser que la condition des sourds va s'améliorer à partir de la seconde moitié du siècle. Or il n'en est rien. La philosophie du progrès entraîne une régression pour les sourds, tant au niveau de leur instruction qu'à celui de leur intégration. Dans une seconde partie, nous étudions donc les paradoxes de l'idée de progrès, de 1860 à 1905. Les sourds sont de moins en moins écoutés et la langue des signes est de moins en moins considérée. Ceux qui ne la connaissent pas ont la conviction qu'elle infériorise les sourds et qu'elle symbolise l'antithèse du progrès, ce que réfutent pourtant les sourds. La langue des signes est ainsi victime d'une certaine interprétation de l'idée de progrès. Les républicains souhaitent permettre aux sourds d'accéder à l'égalité civile grâce à la parole qui seule, selon eux, peut les sortir de leur infériorité. Or, malgré leurs bonnes intentions, en appliquant la méthode orale pure ils institutionnalisent une conception des sourds qui les regarde comme infériorisés tant qu'ils ne sont pas instruits à la parole et les sourds se trouvent finalement en situation d'inégalité.