thesis

Ouvriers algériens à Renault-Billancourt, de la guerre d'Algérie aux grèves d'OS des années 1970 : contribution à l'histoire sociale et politique des ouvriers étrangers en France

Defense date:

Jan. 1, 2002

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Institution:

Paris 8

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Abstract EN:

L'objet de cette thèse est d'étudier l'histoire des Algériens en France sous son versant ouvrier. L'usine Renault de Billancourt a été choisie comme cadre de l'étude à double titre : elle est, à partir de 1946, l'usine qui, en France, emploie le plus grand nombre d'Algériens ; principale usine de Renault, entreprise nationalisée, elle met en présence trois acteurs : gouvernement, direction, ouvriers. Ouvrier pouvant s'entendre dans une double acception (professionnelle et politique) et l'espace de l'usine être défini à la fois comme espace de production et de luttes, ces deux axes guident la recherche. La période étudiée diffère ainsi selon l'axe considéré : 1946-1974 pour ce qui est de l'évolution de l'emploi des Algériens à Renault et plus largement dans le secteur automobile ; 1954-1975 pour ce qui est des luttes d'usine. Cette recherche s'appuie sur des rapports émanant de la Direction du Personnel de l'entreprise ; sur le traitement statistique d'un échantillon de 1000 ouvriers algériens embauchés à Billancourt entre 1950 et 1973 ; sur des archives syndicales et de groupes militants ; enfin sur une enquête orale auprès d'ouvriers algériens et/ou de militants de l'usine. L'histoire du recrutement des Algériens à Billancourt, au croisement de l'évolution des modes de production de l'automobile et des processus migratoires, est l'objet de la première partie. Au travers de l'étude des trajectoires professionnelles (classifications, travail, carrières) menée à partir de l'échantillon, je montre ensuite que les ouvriers algériens sont à Billancourt assignés à un statut d'OS et font l'objet d'une gestion différenciée comme coloniaux d'abord, étrangers ensuite. J'analyse enfin, au travers de trois séquences d'actions collectives : la lutte de libération nationale algérienne, la grève de mai-juin 1968 et les grèves d'OS du début des années 1970, l'évolution des motifs d'engagement et des formes de regroupement des ouvriers algériens dans l'espace de l'usine qui entre, en partie, en résonance avec cette gestion différenciée

Abstract FR:

The purpose of this PhD is to study the history of the Algerians in France on its labour side. I chose Renault-Billancourt factory as a place of study for two reasons : from 1946 it is the factory which, in France, employs the greatest number of Algerians ; main Renault factory, nationalized enterprise, it puts face to face three protagonists : government, management, workers. As one can take worker in two meanings (professional or political) and the factory as much as a place of production as a place of struggles, both lines guide the research. The studied period differs function of the considered line : 1946-1974 for the evolution of Algerians' employment at Renault and the car industry as a whole ; 1954-1975 for the factory struggles. This research rests on reports from the Personnel Management of the enterprise ; statistical treatment of a sample of 1000 Algerian workers hired at Billancourt between 1950 and 1973 ; trade-unions and militant groups archives ; and finally an oral survey of Algerian workers and/or factory militants. The first part of the PhD deals with the history of Algerian workers recruitment at Billancourt, which crosses the evolution of modes of production in the car industry and migratory process. Through the study of professional trajectories (job classifications, work, careers) conducted from the sample, I show that Algerian workers in Billancourt are assigned to an unskilled worker (OS) status and that Renault applies a differentiated management policy to them first as colonized, second as foreigners. Lastly, I analyse through three collective actions sequences : the Algerian national liberation struggle, the may-june 1968 strike and the unskilled workers (OS) strike at the begining of the 1970's, the evolution of the Algerian workers committments and forms of gathering in the factory. It partly resounds with this differentiated management policy