Le "familial" en France sous le régime de Vichy : territoires, réseaux, trajectoires : les exemples de la Bourgogne et de la Franche-Comté
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Abstract EN:
This PhD dissertation analyses the political, juridical and social functions of the “family” under Vichy France. First the thesis tends to revaluate the part played by the French State in the family policy. For long the central government has been considered as a major, if not unique, player of the state family policy of the Vichy Regime. In fact, partly because of the German occupation of the northern part of France, partly because of the administrative and governmental processes of the Vichy Regime, the implementation and the achievements of the family policy are due not only to the central government but mostly to the involvement of nongovernmental organisations, private or public, central or local. Second this PhD dissertation analyses the strategies of the various institutions dealing with family policy at different territorial scales. It describes both the similarities of the institutions’goals and the specificities of their implementation processes. It focuses on the various interactions between the State and the nongovernmental organisations. Third this thesis deals with the constitution of a nonpartisan, non controversial and uncompromised approach of family policy. Under the German occupied France family activists could be both supporters of the Vichy Regime and of the French Resistance at the same time. Following the Liberation of France, the family activists were treated very leniently, escaping convictions, and had succeeded in holding important positions in the public sector organisations and departments in charge of the family policy under the Fourth Republic. Moreover, the family policy based on populationist incitements was continued under the Fourth Republic, even if based on radically different philosophical principles.
Abstract FR:
Cette thèse vise à analyser les usages politiques, juridiques et sociaux de l’objet « famille » sous le régime de Vichy. Elle tend d’abord à réévaluer le rôle de l’Etat français dans le champ familial. Longtemps présentée comme prééminente, l’action étatique en matière familiale connaît plusieurs formes de limites dues aux effets de l’Occupation, au fonctionnement interne de l’appareil d’Etat. Ses réalisations effectives reposent également largement sur la mobilisation et l’investissement d’institutions non-étatiques, tant publiques que privées, tant centrales que locales – observées à travers les exemples de la Bourgogne et de la Franche-Comté. Cette recherche étudie ainsi dans un second temps les stratégies poursuivies par les institutions de la sphère familiale à différentes échelles tant dans leurs objectifs communs que dans leurs approches spécifiques. Il s’agit de mettre en évidence la diversité des formes d’interactions entre l’Etat et les institutions privées mais aussi de montrer les importantes tensions qui en résultent. Cette étude examine enfin le processus de construction d’une représentation apolitique et non compromettante de l’action familiale dont les effets jouent à différents niveaux. Elle permet d’abord sous l’Occupation le double engagement des familiaux, à la fois au service de Vichy et de la résistance. Elle rend possible ensuite le maintien de ces acteurs, qui vont bénéficier de l’indulgence des épurateurs, dans les instances familiales de la Libération. Elle explique enfin la pérennité d’une politique familiale et nataliste dans la France de l’après guerre, même si les principes républicains sur lesquels elle repose constituent une rupture radicale avec le régime précédent.