Abstract FR:

Quelles sont les conséquences des mutations économiques et sociales des années 1945-1981 sur les acteurs de la vie politique d'un département conservateur comme l’Eure ? Le choix des électeurs se tourne tout d'abord vers le centre gauche mendésiste qui limite les vagues communistes, gaullistes puis poujadistes. A partir de 1958, l'adhésion en la personne du général de Gaulle est massive, mais les indépendants et les centristes conservent de bonnes positions. A partir de 1974, le département suit les grandes tendances nationales. La mobilisation de l'électorat est en générale supérieure à celle constatée au plan national. Mais, l'ouest bocager reste structurellement abstentionniste, tandis que les zones nouvellement urbanisées le deviennent. C'est d'ailleurs là que se développent les phénomènes de sous inscription. Les habitants n'hésitent pas à s'impliquer dans des actions (pétitions, manifestations. . . ). Cependant, le militantisme reste limite. Les organisations très structurées rencontrent des difficultés constantes dans le recrutement. Les candidatures aux élections deviennent plus nombreuses et se diversifient. Le déroulement des campagnes électorales change. Aux réunions publiques succède la préférence pour les contacts personnels. Si la forme du matériel électoral change peu, son contenu évolue au fur et à mesure que les taches de l'élu deviennent plus nombreuses et plus complexes. Le corps des élus est peu représentatif de la population. Les agriculteurs, les professions libérales et les cadres dominent, tandis que les ouvriers, les femmes et les jeunes sont sous représentés, même si leur proportion augmente à partir de la fin des années 60. Le système nobiliaire mis en place par p. Mendes-France est récupéré par les élus indépendants et gaullistes. Toutefois, il ne s'appuie plus désormais que sur la personne d'élus nationaux puisque tout le réseau militant construit par les radicaux n'existe plus. Il s'est transformé en une entreprise politique.