Venise, un spectacle d'eau et de pierres : architecture et paysage dans les récits de voyageurs français : 1756-1850
Institution:
Université Pierre Mendès France (Grenoble)Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
This study aims at revealing the evolution of French travellers' attention concerning Venetian architecture and Venetian landscape, from since 1756 to 1850. How did they perceive this union of wild nature and harmonious architecture? French travellers accounts on Venice help us in reconstructing the imagery and critical aspects of a great cultural symbol. But, they also give us a vision of an original city built on water. In the age of the Grand Tour, Venice was one of the most important tapes of French travellers. After Campoformio and the fall of the Republic in 1797, this city became an icon and a literary myth for romantic travellers who developed an obsession with the idea of a dying city giving a new attention on landscape. Opposed to the fear of other generations of travellers frightened by the nearness of water witch was considered as dangerous, the romantic vision of Venetian landscape shows a clear evolution in water perception : from the naturalistic journey in the last years of the XVIIIth Century, to a new attention shown by French and Venetian doctors and climatologists in during the years 1830, this study is reconstructing the interest in Venetian landscape.
Abstract FR:
Cette étude souhaite mettre à jour l'évolution du regard que les voyageurs français portèrent sur l'architecture et sur le paysage vénitien, entre 1756 et 1850. Comment ces derniers ont-ils perçu, d'un siècle à l'autre, l'étroite connivence qui se manifeste à Venise entre la nature sauvage et le bâti harmonieux ? Si les nombreux textes réunis dans cette étude nous aident à reconstituer la fortune critique de l'architecture vénitienne auprès des voyageurs français des XVIIIe et XIXe siècles, ceux-ci nous permettent surtout de nous interroger sur la vision commune d'une ville implantée au milieu des eaux. Étape incontournable du Grand Tour au siècle des Lumières, la cité des doges, tombée en désuétude après le traité de Campoformio et la chute de la République en 1797, redevient à la mode avec les voyageurs romantiques pour lesquels elle incarne la mémoire du temps, de l'histoire et de l'esthétisme. Émus par le spectacle affligeant de la splendeur déchue assujettie à l'occupant étranger, ces derniers font de cette cité palimpseste un véritable mythe littéraire et accordent au paysage lagunaire une attention nouvelle. C'est de cette mutation dans l'approche de l'élément aquatique dont il est question dans cette étude. S'opposant aux craintes de générations de voyageurs effrayés par la proximité d'une eau jugée dangereuse et malsaine, l'attitude des voyageurs qui visitèrent la cité ducale dans les dernières années du XVIIIe siècle et dans la première moitié du siècle suivant est représentative d'une évolution dans la perception de l'eau qui environne Venise. De la vogue du voyage naturaliste de la fin du XVIIIe siècle, à l'intérêt manifesté par les médecins et climatologues français et vénitiens à partir des années 1830 pour les ressources naturelles de la lagune, cette étude retrace donc l'évolution d'un intérêt pour le paysage lagunaire qui voit son aboutissement avec l'apparition d'un tourisme balnéaire dans le centre historique de la Venise autrichienne.