Entre péripéties, luttes et participations : l'émigration des Haïtiens en Floride et en région parisienne au cours du vingtième siècle
Institution:
Paris, EHESSDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
When one mentions the question of the emigration of the Haitians throughout the world, one of the recurrent themes relating to it is that it is almost systematically associated with the years 1960, and more particularly with the advent of Papa Doc to the power in Haiti. As for the favored destinations of the Haitians, there is another recurrent theme which consists of presenting Miami as the bastion of the poor boat people, whereas Paris is regarded as the destination of a more elite Haitian migration or of the persecuted political actors. This study intends to show that what seemed true in Paris during the 19th century and at the beginning of the 20th century has not been the case for already a few decades. Going back to the first wave of emigration towards Cuba in the years 1910, it shows that the emigration of the Haitians precedes Duvalier, and examines the issue relating to the hosting and the settlement of recent waves of Haitian immigrants in France, in the United States and elsewhere. Regarded as undesirable, they were received rather unfavorably in their respective countries of reception. Nevertheless, recently, the Haitians abroad are shifting from their status of the undesirable poor to that of an influential and respectable group. In Florida today, the Haitians have come to be an important municipal players, elected to the head city institutions which has long been inaccessible to them. In the Paris region, the Haitians have not had equivalent electoral and political success, because they are less visible socially. But they have been, in recent years, part for a very encouraging sociocultural dynamic.
Abstract FR:
Quand on évoque la question de l'émigration des Haïtiens à travers le monde, l'un des écueils les plus récurrents la concernant est qu'elle est presque systématiquement associée aux années 1960, et plus particulièrement à l'avènement de Papa Doc au pouvoir en Haïti. Quant aux destinations de prédilection des Haïtiens, il y a cet autre écueil qui consiste à présenter Miami comme le bastion des pauvres boat people, alors que Paris, lui, est considéré comme le lieu d'accueil d'une migration d'élite ou des persécutés politiques. Cette étude entend montrer que ce qui semblait vrai à Paris au XIXe siècle et au début XXe siècle ne l'est plus depuis quelques décennies. En remontant à la première vague d'émigration vers Cuba dans les années 1910, elle indique que l'émigration des Haïtiens est antérieure à Duvalier et montre comment les Haïtiens des récentes vagues migratoires ont été traités en France, aux États-Unis et ailleurs. Considérés comme indésirables, ils ont été accueillis assez défavorablement dans leurs sociétés d'accueil respectives. Mais, depuis récemment, les Haïtiens sont en train de passer de leur statut de pauvres indésirables à celui de groupe influent et fréquentable. En Floride aujourd'hui, grâce notamment à la consolidation d'enclaves haïtiennes et la création de circonscriptions électorales, les Haïtiens parviennent à administrer des villes et à être élus à la tête d'institutions longtemps inaccessibles. En région parisienne, les Haïtiens n'ont pas eu de conquêtes électorales et politiques équivalentes, car moins visibles sur le plan social. Mais ils s'insèrent depuis quelques années dans une dynamique sociale encourageante.