L’Observance au féminin : Les moniales dominicaines entre réforme religieuse et transformations sociales, 1385-1461
Institution:
Lyon 2Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
During the XVth century, European societies got transformed by deep social, cultural but also religious evolutions. A great reform movement spread through all the regular religious orders. The supporters of this movement, quickly called the “Observance” , were asking for a more rigorous respect of the Rule; they were also involved in the secular Church, trying to make up for the several crisis it was undergoing at the moment. Religious women took an active part in this movement. Dominican nuns, inspired by Catherine of Siena’s teaching, began to reform their monasteries in 1385: they reaffirmed their contemplative role within the Order of Preachers and elaborated some very strict new norms of enclosure, considered as a the visible sign of their total consecration to God. The diffusion of these new monasteries strictly enclosed, while beguines and penitent women were still numerous in the cities, was an outstanding fact for contemporary people. The Observance indeed has to be considered and studied within its social context. That is why we paid attention to the social composition of two italian observant communities of Dominican nuns (until 1461). The religious women taken into account in our study were mainly coming from non-noble but rich families (bankers, members of intellectual professions, rich artisans). Most of them were widow women. Thus, little by little, the first reformers nuns were replaced by other members of their families, mostly young brides that would not have been married, and whose parents considered observant monasteries as an honourable refuges. The Observant reform’s success is not only due to its message on the Church and Christian Society revival, but also to the answer it gave to the new requests of an enlarged and urbanized ruling class. The walls of the enclosed convents were indeed supposed to preserve the honour of a growing number of non-married women, making visible to external people their consecrated life in a society in which everybody was supposed to do the duty corresponding to its own status.
Abstract FR:
Les sociétés européennes du XVe siècle sont marquées par de profondes transformations sociales, culturelles, mais aussi religieuses : une grande vague de réforme traverse alors tous les ordres réguliers. Les tenants de ce que l’on va bientôt appeler « l’Observance » prônent un respect plus rigoureux de la règle tout en s’engageant dans la pastorale des laïcs, à une époque où les crises se succèdent au sein de l’Eglise séculière. Les religieuses prennent une part active à ce mouvement. Les moniales dominicaines, inspirées notamment par l’enseignement de Catherine de Sienne, commencent leur réforme dès 1385. Celle-ci se traduit par une réaffirmation de leur rôle contemplatif au sein de l’Ordre des Prêcheurs et par l’élaboration de normes très sévères concernant la clôture, perçue comme la manifestation visible de leur consécration totale à Dieu. La diffusion des monastères de stricte clôture, à une époque où les béguines et les pénitentes sont encore nombreuses au sein des villes, marque les esprits. L’Observance ne peut, d’ailleurs, être comprise en-dehors du contexte social dans laquelle elle s’insère, c’est pourquoi nous nous sommes intéressés à la composition sociale de deux communautés observantes de Dominicaines italiennes. Les religieuses prises en compte dans notre étude (de 1385 à 1461) sont, en grande majorité, issues de familles de la bourgeoisie urbaine (banquiers, membres des professions savantes ou riches artisans) ; elles sont aussi, le plus souvent, veuves. Peu à peu cependant, les premières moniales sont remplacées par d’autres membres de leur famille, en particulier des jeunes filles non destinées au mariage, que leurs parents établissent ainsi honorablement. La réforme observante doit donc son succès non seulement à son message prônant le renouveau de l’Eglise et de la société chrétienne, mais aussi au fait qu’elle a répondu aux nouvelles exigences d’une classe dirigeante élargie et urbanisée : les murs de la clôture protègent l’honneur de femmes célibataires de plus en plus nombreuses, tout en rendant visible leur consécration au sein d’une société où chacun se doit de remplir les devoirs correspondant à son état.