La chevalerie des sportsmen : Pierre de Coubertin (1863-1937)
Institution:
Paris, Institut d'études politiquesDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
Known universally as ‘Restorer of the Olympic Games’, Pierre de Coubertin is an end-of-century social and educational reformer who fancies he can weigh on the destinies of France and the world by forging a new elite. The present intellectual and sportive biography questions his political neutrality and dismantles the myth of Olympic perpetuation. By bringing in sports into the Ecole Monge, then making sure they will spread to all lycées, he tries to invent a new-fangled sociological group that will transcend all the social hierarchies produced by the industrial revolution: the chivalry of sportsmen. The French Tory will be recruited in the middle-classes, down to the latest strata, provided the candidate behaves as a sportsman combining bravery, loyalty, distinction and good manners. Having rejoined the Republic as soon as 1887, close to the French liberals, then the Republican Federation Party, hardly understood or followed, he ends up taking refuge in an extreme-centre political swamp, which leads him to a kind of self banishment. Never has he managed to control the Olympic Games which, as soon as 1892, he had imagined International and pacifistic. Against nations and States, against organisers of shows and budding international sports federations, he forges ‘Olympism’ between 1906 and 1914. Conceived as a rampart against money, women and crowds, this sporting utopia is also a uchronia which evokes the feudal ages more than an ancient Greek stadium. Heading against the mainstream of the twentieth century, forced to resign from the IOC in 1925, Pierre de Coubertin has failed to understand both the violence of World War I and the lethal oppression of hitlerism.
Abstract FR:
Universellement connu comme « le rénovateur des Jeux olympiques », Pierre de Coubertin est un réformateur pédagogique et social fin-de-siècle qui imagine peser sur les destinées de la France, puis du monde, en forgeant une nouvelle élite. Cette biographie intellectuelle et sportive interroge sa neutralité politique et déconstruit le mythe de la perpétuation olympique. En introduisant le sport à l’école Monge, puis en veillant à sa diffusion dans les lycées, il tente d’inventer une catégorie sociologique d’un nouveau genre qui transcenderait les hiérarchies sociales produites par la révolution bourgeoise et industrielle : la chevalerie des sportsmen. Le tory à la française serait recruté dans la bourgeoisie, et jusque dans les nouvelles couches, pour peu que l’impétrant se comporte en sportsman combinant bravoure, loyauté, distinction, et politesse. Rallié dès 1887, proche des progressistes puis de la Fédération républicaine, guère compris ni suivi, il en vient à se réfugier à l’extrême-centre, ce qui le conduit à une sorte d’exil intérieur. Jamais il ne sera parvenu à contrôler les jeux olympiques qu’il conçoit dès 1892 comme internationaux et pacifistes. Contre les nations et les Etats, contre les organisateurs de spectacles et les fédérations sportives internationales naissantes, il forge « l’olympisme » entre 1906 et 1914. Imaginée comme un rempart contre l'argent, les femmes et la foule, cette utopie sportive est aussi une uchronie qui renvoie davantage à l’âge féodal qu’au stade grec antique. À contre-courant du XXe siècle, poussé à la démission du CIO en 1925, Pierre de Coubertin n’a compris ni la violence de la Grande Guerre ni la charge mortifère de l’hitlérisme.