Chômeurs et sans-travail dans le cinéma français des années 1960 à nos jours
Institution:
PerpignanDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
This thesis proposes to trace a history of the unemployed through feature films, considered here as historical documents. The proximity of film to the underclasses and its ability to capture lived experience throws into relief the flaw of the capitalist system represented by unemployment. In a variety of genres – ranging from docufictions, social realist police dramas, and vignettes of contemporary life to satirical parables and black comedies – film empathetically reconstructs the psychological complexity and material vulnerability of “the useless of the world” and sketches portraits of undaunted heroes, which do not reduce the unemployed to a narrowly defined economic or statistical identity. “Unemployment on screen” chronicles the erosion of the labor movement and of workplace solidarity, depicting the resulting forms of depression that affect industrial civilization’s “dispossessed”. It proposes a counter-analysis of society in its representation, for example, of the A. N. P. E. (the French national employment agency) and in films that portray the persistent precarity of its characters: young workers trapped in a succession of minimum wage jobs, the long-term unemployed who have become unemployable, forlorn women, and discarded executives. It probes the crisis of male hegemony and the place of salaried work in our lives, in a century that made salaried work the primary mode of social integration. Lastly, through its depiction of the job interview, which has become an iconic scene-type in French cinema, it displays the power relations in neoliberal corporations and dissects the manipulation and dehumanization of individuals in the context of economic war.
Abstract FR:
Cette thèse propose une histoire des chômeurs à travers la fiction cinématographique considérée comme source d’analyse. La proximité du cinéma avec les « déclassés » et la capacité de la fiction à saisir la dimension vécue permettent d’appréhender le dysfonctionnement majeur qu’est le chômage dans le système capitaliste. Dans des genres qui vont de la fiction documentaire à la farce noire, en passant par le polar social, la fable satirique et le conte contemporain, le cinéma reconstitue avec empathie l’épaisseur psychologique et la vulnérabilité matérielle des « inutiles au monde » et dresse des portraits de héros combatifs qui n’enferment pas les chômeurs dans une identité économique et statistique. L’« écran du chômage » enregistre aussi l’effritement du collectif et des solidarités et décrit les formes de la dépression qui s’empare des « dépossédés » de la civilisation industrielle. Il propose une contre-analyse de la société dans sa représentation, par exemple, de l’A. N. P. E. (Agence nationale pour l’emploi), et dans des œuvres qui recensent les figures persistantes de la précarité : jeunes qui galèrent de petits boulots en petits boulots, chômeurs de longue durée inemployables, femmes isolées, cadres mis au rebut. Il questionne la crise du pouvoir masculin et la place du travail salarié dans nos vies, dans un siècle qui en a fait le principal facteur d’intégration sociale. Enfin, il met en évidence à travers les scènes d’entretien d’embauche, devenues « scènes de genre » du cinéma français, les rapports de pouvoir dans l’entreprise libérale et dissèque les phénomènes de manipulation et de déshumanisation des individus dans un contexte de guerre économique.