Luneau de Boisjermain et l'édition à compte d'auteur à Paris de 1750 à 1791
Institution:
Paris, EHESSDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
During the second half of the l8th century, the French literary scene witnessed a conceptual transition of authorship when writers gradually distanced themselves from traditional sources of revenue -among which we find pensions, academies and patronage -and made their entry onto the book market. In a time when booksellers-publishers ruled over the book market in the French capital, it was especially arduous for authors to defend their economic and legislative rights, and to publish autonomously. Even though this activity was perilous, costly, and even dangerous, self-publication was part of the literary course of hundreds of authors in Paris during the last decades of the Old Regime. Indeed, after the ratification of the decrees of August 30th 1777 that finally allowed authors to sell their own books, many writers chose to benefit from their new rights. By doing so, these authors -whose background were very diversified demonstrated a real desire to maintain control over book making, editing, financing, material quality, publicity, and commercialization. This dissertation also aims to illustrate how self-publishing represented a tangible result from the process of authorial professionalization and modernization, authors investing in both the material and immaterial value of their work. Writing could indeed become, apart from an activity of the mind, a professional and commercial enterprise
Abstract FR:
Au cours de la deuxième moitié du XVIIIe siècle, la scène littéraire française est témoin d'une transition conceptuelle de l'auctorialité, les auteurs délaissant tranquillement les anciennes institutions du premier champ littéraire -telles que pensions, académies et mécénat -au profit d'une intégration progressive et autonome sur le marché du livre. Alors que la nature de cette transition est toujours débattue, le processus de modernisation de l'auteur semble particulièrement apparent chez un groupe encore méconnu : les auteurs éditant à leur compte. À une époque où les libraires règnent en roi et maître sur le monde du livre dans la capitale française, il est encore bien difficile pour les auteurs de faire reconnaître leurs droits économiques et légaux et de publier de manière autonome. Or, bien que cette entreprise soit périlleuse, coûteuse, voire dangereuse, la publication autonome fait partie du cheminement littéraire de quelques centaines d'auteurs à Paris au cours des décennies précédant la Révolution. Cette thèse a pour but d'illustrer comment l'édition à compte d'auteur représente une forme d'évolution bien tangible du processus de professionnalisation et de modernisation de l'auteur, celui-ci s'investissant tant dans la valeur matérielle qu'immatérielle de ses œuvres. De fait, l'auteur qui accepte son statut de professionnel de l'écrit et qui désire vivre, souvent entre autres, du produit de la vente de ses ouvrages, peut intégrer sans conflit les éléments très prosaïques de l'édition et du commerce à sa « profession ». L'écriture devient ainsi, en plus d'une activité de l'esprit et immatérielle, une activité commerciale, artisanale et professionnelle.