Société et sainteté en France et en Russie au XIXe siècle
Institution:
Paris, EHESSDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
The study of the two forms of holiness -the holy pilgrimage in France, if taken in the case of Benoît-Joseph Labre, and the Russian fools-in-Christ -reveals that the nineteenth century's orthodox and catholic hagiographies, describing the spiritual activity of those persons, use the same categories, inherited from ancient Christian lives: the humiliation, the devotion and the miracles of the saints. However, in the French and Russian societies the attitude toward these saints varies from devotion to scepticism and derision. The criticism toward these saints has a common : origin, the idea, dating back to the eighteenth century, of the public benefit from each human being, but it takes ; different forms in French and Russian societies. The B. -J. Labre's critics intend to refute the Catholic Church's authority, but the opponents of the Russian fools-in-Christ, on the contrary, try to protect the Orthodox Church from these vagabonds reputed as liars. The French state power stays hostile to the pilgrims like B. -J. Labre and, in the same manner, the Russian state authorities dislike the fools-in-Christ because of their uncontrolled character which is considered as a social danger. However, the Catholic Church used the canonization of Labre to consolidate its ascendancy and resist to the new philosophical ideas that conflict with the ancient Christian morality. The Russian Orthodox Church stayed passive in the Synodal period and didn't canonize any fools-in-Christ which cult remained on a local scale.
Abstract FR:
L'étude des deux formes de sainteté: le saint pèlerinage en France, représenté par Benoît-Joseph Labre, et la folie en Christ en Russie, interprétée par de nombreux bienheureux russes, montre que les hagiographes orthodoxes et catholiques du XIX ème siècle utilisent les mêmes catégories, héritées des vies chrétiennes anciennes, pour décrire l'exploit spirituel de ces héros. Notamment, l'accent est mis sur l'humilité, la dévotion et les miracles de ces saints. Or, dans la société française et russe, l'attitude envers ces saints varie de la dévotion au scepticisme et la pure négation. Ayant l'origine commune, les idées des Lumières sur l'utilité sociale de l'être humain, la critique envers ces saints a pris des formes différentes: si les critiques de Labre cherchaient à renverser l'autorité du Saint Siège, les adversaires des fols en Christ russes, au contraire, voulaient protéger l'Eglise orthodoxe contre ces vagabonds vus comme des imposteurs. L'État français restait méfiant envers des pèlerins comme B. -J. Labre; l'État russe cherchait à supprimer la folie en Christ, puisque ces deux pratiques échappaient du strict contrôle gouvernemental et étaient considérées comme une source d'instabilité sociale. Pourtant, l'Eglise catholique a utilisé la canonisation de Benoît-Joseph Labre pour renforcer son influence et renverser les nouvelles idées philosophiques contredisant à la morale chrétienne traditionnelle, alors que l'Eglise orthodoxe russe, peu active à l'époque synodale, n'a officiellement reconnu aucun fol en Christ dont le culte est resté à l'échelle locale.