thesis

La représentation du territoire en projet. Une histoire de l’Observatoire photographique du paysage.

Defense date:

Sept. 24, 2020

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Institution:

Paris Est

Disciplines:

Directors:

Abstract EN:

This research is interested in the process of production and use of photographic representations of the territory in the context of project planning practices. We consider representations as active agents of the territorial fabric which shape imaginations and model ways and means of projecting the evolutions of the inhabited spaces. Public authorities, architects and engineers use the medium from its earliest hours to document situations before, during or after their transformation operations. We inherit a history of the representation of territories which expresses a coevolution between photographic practices and planning practices. Since the end of the 1980s, photographic works carried out as part of development projects have been added to their documentary and communication objectives with the aim of producing knowledge on territorial developments. With the landscape concern which then shakes up the planning logics, it is a new form of prospective that is experienced, supported by the idea that the photographic project, fruit of the thinking and sensitive look of the artist, helps to see and understand, and more, contributes to a constantly renewed invention of the landscape. The Landscape Photographic Observatory program, created at the turn of the 1990s by the ministry of the Environment, methodically attempts to implement the meeting between the planner and the artist around the landscape. Based on the principle of informed monitoring of landscape developments by means of a vision recovery protocol, it aspires to articulate the technical aims of some and the aesthetic aims of others to produce representations envisaged as tools to aid analysis and to territorial action.Photographic observation of landscapes is today commonly used by communities and various stakeholders in the territories. But it is only at the cost of a paradigm shift, from art to territorial engineering, that the system seems to have integrated the political and technical fields of development. This integration into the technical imperatives, which very often erases the hypothesis of the interdisciplinary meeting, is what is more paradoxical since the procedures hardly seem to satisfy their ambition of tools of management and territorial planning. The present work aims to shed light on this paradox by retracing the political, cultural and conceptual itinerary of this unprecedented experience. This operation takes the Observatory both as a product of public action and as a representation device. Through a historical and critical investigation of the project - its genesis, its conception, its uses as well as its recent transformations -, we propose a deconstruction of the visual and iconographic fabric of the territories. The Observatory, put in its context, thus benefits from a perspective which sheds light on its contemporary conditions; and the image, studied with its production conditions and objectives, reveals itself as a heuristic, aesthetic and ideological process and thickness. Furthermore, in a moment of urgent refounding of our relationships our environment, this survey proposes milestones for a re-evaluation of the idea of landscape, and considers the artistic and aesthetic expression of our environment, beyond of the framework of art, as substance and matter of the territorial fabric

Abstract FR:

Cette recherche s’intéresse aux modalités de production et d’usages des représentations photographiques du territoire dans le cadre des pratiques de projet en aménagement. Les représentations y sont envisagées comme des agents actifs de la fabrique territoriale, qui façonnent des imaginaires et modèlent des manières et des moyens de projeter les évolutions des espaces habités. Les pouvoirs publics, les architectes, les ingénieurs s’emparent du médium dès ses premières heures pour documenter les situations avant, pendant ou après leurs opérations de transformations. Nous héritons ainsi d’une histoire de la représentation des territoires qui exprime une coévolution entre les pratiques photographiques et les pratiques aménagistes. Depuis la fin des années 1980, des travaux photographiques réalisés dans le cadre de projets d’aménagement se voient ajouter à leurs objectifs documentaires et communicationnels des visées de production de savoirs sur les évolutions territoriales. Avec la préoccupation paysagère qui bouscule alors les logiques aménagistes, c’est une nouvelle forme de prospective qui est expérimentée, soutenue par l’idée que le projet photographique, fruit du regard pensant et sensible de l’artiste, aide à voir et à comprendre, et plus encore, contribue à une invention sans cesse renouvelée du paysage. Le programme de l’Observatoire photographique du paysage (OPP), créé au tournant des années 1990 par le ministère chargé de l’environnement, tente avec méthode de mettre en œuvre la rencontre de l’aménageur et de l’artiste autour du paysage. Fondé sur le principe du suivi renseigné des évolutions paysagères au moyen d’un protocole de reprise de vue, il aspire à articuler visées techniques des uns et visées esthétiques des autres pour produire des représentations envisagées comme des outils d’aide à l’analyse et à l’action territoriale. L’observation photographique des paysages est aujourd’hui une pratique couramment usitée par les collectivités et acteurs divers des territoires (Parcs naturels régionaux, Grands sites de France, CAUE, communautés de communes, etc.). Mais c’est seulement au prix d’un changement de paradigme, de celui de l’art à celui de l’ingénierie territoriale, que le dispositif semble avoir intégré les domaines politiques et techniques de l’aménagement. Cette intégration aux impératifs technicistes, qui bien souvent évince l’hypothèse de la rencontre interdisciplinaire, est qui plus est paradoxale puisque les démarches ne semblent que difficilement satisfaire à leur ambition d’outillage de gestion et de planification territoriale. La présente enquête vise à éclairer ce paradoxe au moyen d’une opération de reconstitution de l’itinéraire politique, culturel et conceptuel de cette expérience inédite de mise en mémoire et de mise en projet du paysage. Cette opération envisage l’Observatoire à la fois comme produit de l’action publique et en tant que dispositif de représentation. À travers une enquête historienne et critique du projet – sa genèse, sa conception, ses usages et ses usures, ainsi que ses transformations récentes –, nous proposons une déconstruction de la fabrique visuelle et iconographique des territoires. L’Observatoire, remis dans son contexte, profite ainsi d’une mise en perspective qui éclaire ses conditions contemporaines ; et l’image, étudiée avec ses conditions et ses objectifs de production, se révèle en tant que processus et épaisseur heuristique, esthétique et idéologique. Par ailleurs, dans un moment de refondation urgente de nos rapports à l’espace et au vivant, cette enquête propose des jalons pour une réévaluation de l’idée de paysage, et considère l’expression artistique et esthétique de notre environnement, au-delà du cadre de l’art, comme substance et matière de la fabrique territoriale