Abstract FR:

Le sens est souvent concu comme une representation symbolique construite de facon compositionnelle a partir des unites lexicales de la langue. Les connaissances semantiques sont alors considerees comme des axiomes qui permettent de filtrer les interpretations incorrectes independamment du contexte. Nous proposons une approche differente, qui tient compte de la subjectivite des recepteurs humains: le sens correspond a un effet contextuel, c'est-a-dire, a une modification du contexte cognitif du lecteur, que l'on peut modeliser comme une transition de l'etat de sa memoire. Les connaissances contenues dans la memoire se caracterisent par une structure symbolique, mais aussi par une accessibilite inegale et dynamique. Les effets contextuels peuvent consister a memoriser de nouvelles structures (acquisition) ou a modifier l'accessibilite de structures deja connues (evocation). L'evocation, declenchee directement ou par amorcage semantique, consiste a transferer des structures presentes dans une memoire a long terme peu accessible vers une memoire a court terme fortement accessible mais tres limitee. Si on accepte en outre que plusieurs processus interpretatifs se deroulent en parallele dans la memoire a court terme, l'emergence d'un sens unique est une consequence naturelle: la vitesse des processus interpretatifs depend de l'accessibilite des connaissances utilisees, ils ont donc tendance a etre departages, car ceux qui utilisent les connaissances les plus accessibles se developpent plus vite et finissent par accaparer l'espace de memoire (c'est un phenomene de retroaction positive). Cette autoregulation competitive, qui correspond a un niveau subliminaire non controle de la cognition humaine, suffit a expliquer la preference semantique en contexte, c'est-a-dire, la focalisation de la perception consciente sur les interpretations les plus pertinentes